Le
Truc Du
Psychopathe : nous faire croire que le Mal vient des autres
Traduction : Henri R. pour Futur
Quantique
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Laura
KNIGHT-JADCZYK et Henry SEE (éditeurs du livre Ponérologie
Politique) ont répondu aux questions de Silvia CATTORI à la
place
d’A. ŁOBACZEWSKI
[1] qui, étant très âgé et malade, n’est plus à même de
répondre.
Silvia
CATTORI : Voici ce qu'un psychiatre m'a dit à propos de votre livre : «
Je n'ai jamais lu nulle part ailleurs ce dont parle Andrew Lobaczewski,
aucun livre n'a jamais traité ce sujet de cette manière. Il m’a
immédiatement été utile dans le cadre de mon travail.
Ce
qu’A.
Lobaczewski affirme sur les comportements pervers/pathologiques — les
conflits en entreprise tout comme dans la sphère politique où l’on
dénombre de plus en plus de conflits et de plus en plus de pervers
caractériels — m'a immédiatement permis de mieux comprendre, par
exemple, le fonctionnement de ces individus qui créent des conflits au
sein de leur travail et qui, où qu’ils aillent, polluent l’atmosphère ».
Je
pense que tout le monde devrait lire Ponérologie
Politique
— la description du mal appliqué à des fins politiques — car ce livre
nous donne les clés nécessaires à la compréhension de phénomènes qui
souvent nous dépassent. Il décrit le mal de façon très parlante, sa
véritable nature, la manière dont il se répand et détruit nos sociétés.
A.
Lobaczewski a observé ceux qui incarnent le mal, il
a examiné
ce que la psychanalyse actuelle appelle « troubles de la personnalité
antisociale (pervers caractériels) ». Non pas pervers au sens sexuel,
mais au sens moral et relationnel. Pourquoi avoir choisi un titre aussi
hermétique — « Ponérologie politique » — pour un livre qui devrait non
seulement intéresser les psychologues et les psychiatres, mais aussi
tout un chacun ?
Laura
: Tout d’abord, je tiens à dire qu’il existe un
lien
émotionnel très fort entre le Dr LOBACZEWSKI et nous, et nous l’avons
contacté au sujet de cette interview. Il est très âgé et en très
mauvaise santé depuis plus d’un an, Il regrette de ne pouvoir vous
répondre personnellement ; il a tenté de le faire, mais à l’heure
actuelle, il n’a même pas la force de rédiger plus que de brèves
réponses à des questions écrites. Et même dans ce cas, il s’épuise et
son attention se disperse au bout de quelques minutes de concentration.
Nous voulons vraiment protéger sa santé et son bien-être, mais nous
voulons aussi satisfaire aux demandes de réponses concernant ces
questions importantes. Andrzej m'a confirmé par téléphone qu'il avait
toute confiance en notre compréhension du sujet. Il a répété ce qu’il
nous a dit quand il nous a contactés pour la première fois : à savoir
qu’il cherchait quelqu'un qui allait dans la même direction et qui
pensait de la même manière, quelqu’un à qui il pourrait remettre son
travail — en quelque sorte repasser le flambeau — de même que tout le
travail qui lui avait été transmis par d’autres. Il a passé des années
à chercher quelqu’un, et c’est notre travail qui a répondu à ces
critères.
Ceci
étant dit, je vais répondre à votre question :
Pourquoi LOBACZEWSKI a-t-il choisi ce titre ?
Le
premier point est qu’à l’origine, cet ouvrage était une série de
documents techniques et universitaires provenant de sources diverses.
Comme l'auteur l’explique dans son introduction, la majeure partie de
cet ouvrage ne vient pas de lui, il en est juste le compilateur. Les
universitaires ont tendance à choisir pour leurs articles des titres
rédigés dans une terminologie abstraite, et les scientifiques
considèrent qu’il est de leur prérogative de créer de nouveaux termes
pour décrire leurs découvertes (par exemple, l’invention de mots comme
quarks, muons, leptons, etc. par les physiciens), donc en ce sens, le
titre se justifie entièrement.. Le terme « ponérologie » est un obscur
concept théologique qui signifie « étude du mal ». Andrzej le savait,
et il a décidé de récupérer et de réhabiliter ce mot pour en faire un
usage scientifique, puisqu’il se trouve que notre science ne possède
absolument aucun mot pour définir l’étude du « mal » en tant que tel.
Nous en avons pourtant besoin.
Henry
: Quand LOBACZEWSKI
nous envoya le manuscrit de ce livre, nous fûmes stupéfaits. Nous
étions préoccupés par cette question : pourquoi, quel que soit le
niveau de bonne volonté qui se manifeste dans le monde, y a-t-il autant
de guerres, de souffrances et d’injustices ? Peu importe les plans,
idéologies, religions ou philosophies conçus par les grands esprits,
rien ne semble améliorer notre sort. Et c’est comme cela depuis des
milliers d’années, cela ne cesse de se perpétuer encore et encore.
Nous
faisions aussi des recherches sur le problème de la psychopathie depuis
plusieurs années et avions publié de nombreux articles sur le sujet sur
nos sites Web. Pour les besoins de la recherche, nous avions également
retranscrit une version informatique du très riche ouvrage sur la
psychopathie rédigé par le Dr Hervey CLECKLEY, The Mask of
Sanity,
avec la permission des propriétaires du copyright, cet ouvrage étant
épuisé. Étant donné la richesse et l’importance de ce texte, nous
l’avions rendu disponible gratuitement par le biais du téléchargement.
Nous avions donc une bonne base sur la question et avions dans l’idée
que la situation terrible à laquelle cette planète et ses habitants
étaient confrontés était liée à la question de la psychopathie.
Laura
: Permettez-moi d’ajouter que la raison pour laquelle nous faisions des
recherches sur la psychopathie était, comme nous l’avons mentionné plus
haut, que nous avions été nous-mêmes confrontés au phénomène. Nous
étions engagés dans un travail de groupe avec d’autres personnes, et
les phénomènes abordés dans Ponérologie en
rapport avec les
groupes et la façon dont ceux-ci sont corrompus par des déviants
pathologiques s’infiltrant dans un groupe sous l’aspect de la normalité
nous étaient très familiers sur une petite échelle sociale. Nous avions
observé ces phénomènes et avions eu affaire à eux à de nombreuses
reprises, bien qu’au début, nous ne fissions que naviguer au jugé. Nous
savions qu’il se passait quelque chose d’étrange, seulement nous ne
savions pas encore le nommer ou le catégoriser. Nous avions trouvé
certaines dénominations et catégorisations dans des textes sur la
psychopathologie, mais ils n’abordaient pas la dimension sociale.
Henry
: Mais Ponérologie Politique
présente le sujet d’une manière radicalement différente des autres
textes sur la psychopathie, en suggérant que l’influence des
psychopathes et autres déviants n’est pas qu’une simple influence parmi
tant d’autres affectant la société, mais que, si les circonstances sont
favorables, elle détermine la manière dont nous vivons, ce que nous
pensons, et la façon dont nous jugeons ce qui se passe autour de nous.
Quand on comprend la véritable nature de cette influence : qu’elle est
sans conscience, sans émotion, égoïste, froide et calculatrice, dénuée
de tous standards moraux ou éthiques, on est horrifié, mais en même
temps, tout commence à s’éclairer soudainement.
Notre
société
perd de plus en plus son âme parce que les personnes qui la dirigent et
qui donnent l’exemple sont sans âme — ils n’ont littéralement aucune
conscience.
Quand
vous en venez à comprendre que les rênes du
pouvoir politique et économique sont entre les mains de personnes sans
conscience qui ne possèdent pas de faculté d’empathie, cela permet de
regarder ce que nous appelons le « mal » d’une façon totalement
nouvelle. Le mal n’est plus seulement une question morale ; il peut
alors être analysé et compris scientifiquement.
Avec
LOBACZEWSKI,
le mot « Ponérologie » a été purgé de ses connotations religieuses — un
contexte au sein duquel il n’a jamais fait de bien à la société dans
son ensemble. Ce mot désigne la science du mal, de la compréhension
scientifique de ses origines, et de la façon dont, telle une maladie,
il peut infecter les individus et les sociétés.
Lorsque
les
législateurs et les grands patrons du monde des affaires sont des
psychopathes, leur façon de penser et de raisonner — leur « moralité »
— devient la culture et la « moralité » communes des populations qu’ils
gouvernent. Quand cela se produit, le mental de la population est
infecté de la même façon qu’un agent pathogène infecte un corps
physique. La seule manière de nous protéger contre cette pensée
pathologique est de nous vacciner contre elle, et cela se fait en en
apprenant le plus possible sur la nature de la psychopathie et sur son
influence sur nous. Fondamentalement, cette « maladie » particulière
prospère dans un environnement où son existence même est niée, et où ce
déni est planifié et délibéré.
Bien
que le titre du livre semble
hermétique, il faut le comprendre dans le contexte de la grande
difficulté qu’ a eue Andrzej à faire publier son ouvrage. Les deux
premiers manuscrits furent perdus, comme il le décrit dans la préface.
Le premier fut brûlé quelques minutes avant l’arrivée de la police lors
d’une perquisition à son domicile, et le deuxième fut envoyé au Vatican
via un intermédiaire dont on n’entendit plus jamais parler. La
troisième version, celle publiée par « Red Pill Press », fut écrite
lorsqu’Andrzej vivait aux États-Unis durant les années Reagan. Zbigniew
BRZESZINKI avait proposé de l’aider à trouver un éditeur, mais après
plusieurs mois, il devint clair qu’au mieux, il ne faisait rien, et
qu’au pire, il s’employait activement à faire en sorte que l'oeuvre ne
soit jamais publiée.
Le
manuscrit est resté dans un tiroir
pendant plus de vingt ans. Il a été écrit pour un public professionnel,
et le titre a été choisi en fonction de cela. C’est aussi la raison
pour laquelle le texte lui-même est très dense, et le titre reflète
exactement le fait qu’il n’a pas été écrit pour un public profane. Il a
été écrit pour des professionnels et dans un style intellectuel
reflétant son contexte originel.
Nous
sommes actuellement en train de travailler à une
version plus abordable de ses idées.
Silvia
CATTORI : LOBACZEWSKI a étudié le fonctionnement de ces personnes non
pas d’un point de vue politique, mais psychologique. Il est arrivé à
déterminer la manière dont des fous, des idéologues et des agents
disposant de pouvoirs répressifs, malgré leur inhumanité, en arrivent à
obtenir l’adhésion de larges populations. Tout le monde n’aurait-t-il
pas un fond pervers / pathologique, des périodes de vie marquées par
une existence perverse / pathologique ?
Henry
: Tout
d’abord, il faut souligner que les « fous » n’ont pas besoin de
l’adhésion de larges populations, mais seulement d’une minorité
puissante qui puisse à la fois « orienter » la population et la
contrôler. Regardez les sondages aux États-Unis. Cela fait des années
que la popularité de BUSH se maintient autour de 30% — et il s’agit de
la population dans son ensemble. Mais parce que Bush est soutenu par
une minorité très puissante — les gens qui détiennent les médias,
l’industrie de l’armement et ses soutiens au sein de l’armée, les
compagnies pétrolières, etc. — le mécontentement populaire ne compte
pas. Et du moment que la politique de BUSH n’affecte pas négativement
l’Américain moyen de façon trop flagrante, celui-ci ne se sent pas
suffisamment menacé pour vouloir y changer quelque chose.
Laura
: Aux États-Unis — et ailleurs dans le monde — même le peuple le plus
oppressé et le plus injustement traité est facilement contrôlé par la
peur et la crainte de perdre le confort matériel auquel il a accès :
divertissements, sports, jeux, etc. Même l’échec du système éducatif,
médical et des garanties sociales, ne pousse pas les gens à réellement
remettre la situation en question. Nous avons affaire — pour reprendre
les termes d’Aldous HUXLEY — à une dictature scientifique : du pain et
des jeux.
En
bref, la plupart des Américains sont conscients de
leur oppression, et l’expriment dans les sondages, mais ceux qui sont
au pouvoir ont réussi à les droguer avec une pléthore de distractions —
la peur et le plaisir — suffisantes pour les garder sous contrôle.
Henry
: Il y a la carotte et le bâton. Tant que les gens peuvent continuer à
vivre dans l’illusion, ils le font. Quand l’illusion commence à se
fissurer, alors le pouvoir actionne le bâton.
Laura
: Les
gens ont peur de faire des vagues par crainte de perdre ce qu’ils ont,
de perdre leur tranquillité, de devoir faire des efforts pour résister.
Après tout, cela leur prend tout leur temps de maintenir l’illusion,
ils doivent trimer quotidiennement pour éviter qu’on leur reprenne leur
4x4, et ils veulent avoir du temps pour le match de football du samedi.
Henry
: Ils s’imaginent aussi que de toute façon, BUSH n’a plus que quelques
années devant lui. Le système s’auto-régulera. Le livre de LOBACZEWSKI
nous montre pourquoi cette façon de penser est extrêmement naïve. Le
système qui est en place est un système pathologique qui est en
désaccord profond avec la manière d’être ou la nature de la plupart des
gens. Les gens de conscience sont dirigés par des gens sans conscience.
Ce fait constitue l’injustice primordiale, et il est la base des autres
maux de la société.
Laura
: Ce système est resté secret
pendant de nombreuses années parce qu’il y avait encore des gens de
conscience qui se trouvaient à des postes élevés, mais avec le temps,
ils ont tous été remplacés ou mis à l’écart d’une manière ou d’une
autre, et maintenant la pathologie du système est à découvert, mais
personne ne s’en soucie. Si vous regardez l’Histoire de ces cinquante
dernières années, vous découvrirez que pratiquement tous les
personnages publics qui sont mort tragiquement avaient une conscience,
se souciaient du peuple, et avaient suffisamment d’influence pour
causer des problèmes aux individus de type pathologique.
Henry
: La seconde partie de votre question est très importante, parce que
c’est cette idée que nous sommes tous plus ou moins pervers ou
pathologiques, que nous avons tous une part d’ombre — selon les termes
de JUNG — qui sert de support majeur au système pathocratique et permet
aux psychopathes de se cacher parmi la population générale. On nous a
convaincus que nous n’étions tous que des animaux et que tout le monde
était capable de devenir un HITLER, un BUSH ou un MENGELE, si les
circonstances s’y prêtaient. Nous y croyons parce que dans notre vie,
nous avons tous fait des choses dont nous avons honte, pour lesquelles
nous avons des remords. Nous connaissons ces pensées qui nous viennent
dans des moments d’intense émotion, des pensées dont nous ne voudrions
pas que les autres les connaissent ou les entendent. Nous sentons que
nous avons cette part d’ombre en nous, une part de nous-mêmes dont nous
ne sommes pas fiers. Parce que nous ressentons ce sentiment de honte et
de remords concernant cet aspect de nous-même, nous projetons sur les
autres cette capacité. Faire une telle projection revient à commettre
l’erreur fatale.
Cela
soulève deux questions.
Primo,
il
existe une différence énorme entre quelqu’un qui, par exemple, dans le
feu d’une dispute avec son partenaire, perd son self-control et abuse
physiquement ou psychologiquement de cette personne, et quelqu’un qui
accomplit la même chose froidement, avec calcul et préméditation. Il
s’agit dans les deux cas de mauvaises actions. Je n’essaie pas de
minimiser les abus commis dans un moment d’émotion. Mais cette même
personne, celle qui perd le contrôle momentanément, serait incapable de
calculer et de planifier froidement cet acte. En son for intérieur,
quelque chose reculerait face à cette idée. Chez le psychopathe, cette
voix de la conscience n’existe pas. Les psychopathes sont capables de
comploter le génocide d’un peuple, comme celui des Palestiniens ; les
personnes de conscience n’en sont pas capables. Une personne peut être
tuée dans le feu d’une dispute. Plusieurs milliers peuvent mourir en
raison d’un froid calcul.
Laura
: Une manière de
comprendre cela est de considérer les études qui montrent que chez les
psychopathes, non seulement les taux de crimes violents sont plus
élevés, mais aussi que les types de crimes violents qu’ils commettent
différent de ceux qui sont commis par les non-psychopathes. Une étude a
montré que deux tiers des victimes de psychopathes étaient des hommes
étrangers [à la famille – NdT] tandis que deux tiers des victimes de
non-psychopathes étaient des membres de la famille féminins ou des
connaissances féminines — des crimes passionnels. Les gens normaux
peuvent commettre des actes de violence quand ils sont en état
d’extrême bouleversement émotionnel, mais les psychopathes choisissent
avec sang-froid leurs victimes dans un but de vengeance ou de punition,
ou pour atteindre quelqu’objectif. C’est à dire que la violence
psychopathique est instrumentale, un moyen d’arriver à ses fins — elle
est prédatrice.
Henry
: Secundo, dans une société dominée
par « les valeurs pathologiques », si on peut utiliser cette
expression, l’existence d’un petit groupe de gens sans conscience
promouvant une culture de la cupidité et de l’égoïsme crée un
environnement au sein duquel ce qui est pathologique devient la norme.
Dans une société (comme les États-Unis aujourd’hui) où le président
peut mentir en toute impunité sur des questions de vie ou de mort, un
environnement pathologique est créé, au sein duquel le mensonge devient
acceptable. La violence est acceptable. La cupidité est acceptable.
Cela fait partie intégrante de l’idéologie du Rêve américain : tout le
monde peut réussir, peu importe ceux à qui vous devrez faire du mal
pour y arriver. Et c’est par les actes qu’ils doivent commettre pour
réellement réussir que les germes de la pathologie sont semés. Dans cet
environnement, les gens de conscience qui sont faibles et influençables
endossent les caractéristiques du type pathologique afin de survivre et
de réussir. Ils voient que leurs dirigeants mentent et trichent, et ils
en déduisent que s’ils veulent avancer, alors ils peuvent eux-aussi
mentir et tricher.
Laura
: J’appelle cela la « Culture
officielle ». Linda Mealeyn du Département de psychologie du College of
St. Benedict à St Joseph dans le Minnesota, suggère qu’une société
fondée sur la compétition — le capitalisme, par exemple — est une
société où la psychopathie est adaptative et à des chances de
s’accroître.
La
psychopathie est une stratégie de vie adaptative
qui réussit extrêmement bien dans la société américaine, et qui a donc
augmenté au sein de la population. En outre, conséquence d’une société
adaptative à la psychopathie, de nombreux individus qui NE sont PAS des
psychopathes génétiques se sont adaptés de façon similaire, devenant
des psychopathes « dans les faits », ou « sociopathes secondaires ».
Autrement dit, dans un monde de psychopathes, ceux qui ne sont pas des
psychopathes génétiques sont induits à se comporter comme des
psychopathes, simplement pour survivre. Quand les règles sont établies
de manière à rendre une société « adaptative » à la psychopathie, elle
fait de chacun un psychopathe potentiel.
Henry
: Si cette
influence pathologique était retirée de la société, en mettant les
psychopathes en quarantaine, en éduquant les gens de conscience aux
symptômes de la pathologie, à ce qu’il faut considérer et à la façon
dont gérer la manipulation, en changeant les systèmes créés par les
psychopathes — si, au moyen de telles méthodes, nous étions capables de
supprimer cette influence ponérogénique, alors l’autre pôle, celui de
la conscience, serait le plus influent des deux, et les gens tendraient
vers l’altruisme et la vérité plutôt que vers l’égoïsme et les
mensonges.
Si
nous étions capables de supprimer l’influence
pathologique, nous découvririons peut-être que nos conceptions de la «
nature humaine » sont erronées et mal évaluées, parce que nous
acceptons en tant qu’« humains » ceux qui sont génétiquement sans
conscience ; Supprimez-les, eux et leurs actions, de l’ensemble des
données, supprimez leur influence de la société dans son ensemble, et
les qualités supérieures de la nature humaine douée de conscience
pourraient trouver des moyens d’expression que nous n’aurions jamais
imaginés possibles.
Silvia
CATTORI : Comment peut-on
discerner les psychopathes des gens sains ? Pouvez-vous nous faire le
portrait du vrai psychopathe ? Pouvez-vous nous donner des exemples
permettant de faire le lien avec quelque chose de plus général ?
Quelles sont les facultés qui leur font défaut ?
Laura
:
Le portrait le plus simple, le plus clair et le plus vrai du
psychopathe est donné dans les titres de trois riches ouvrages sur le
sujet : Without Conscience [Sans conscience —
NdT] de Robert
HARE, The Mask of Sanity [Le masque de santé
mentale — NdT]
de Hervey CLECKLEY, et Snakes in Suits
[Des serpents en costume-cravate — NdT] de HARE et Paul BABIAK. Un
psychopathe, c’est exactement cela : une personnne sans conscience. La
chose la plus importante à retenir est qu'il se dissimule sous un
masque de normalité qui est souvent si convaincant que même les experts
sont trompés et, en conséquence, ces psychopathes deviennent « les
Serpents en costume cravate » qui contrôlent notre monde. C’est la
réponse en bref.
Henry
: La culture populaire voit les
psychopathes comme des personnages tels Hannibal LECTER, héros du «
Silence des agneaux », c’est à dire des tueurs en série. Cependant,
bien qu’un certain nombre de psychopathes soient des criminels et aient
eu affaire à la justice et que certains soient en fait des tueurs en
série, un grand nombre d’entre eux n’ont jamais d’ennui avec la
justice. Ce sont les plus intelligents, et aussi les plus dangereux
parce qu’ils ont trouvé des moyens d’utiliser le système à leur
avantage.
Un
grand nombre de traits caractérisent les
psychopathes : l’un des plus évidents est l’absence totale de
conscience. Tout sens de remords ou d’empathie envers les autres est
absent chez eux. Ils peuvent être extrêmement charmants et sont experts
pour charmer et hypnotiser leur proie par la parole. Ils sont également
irresponsables. Rien n’est jamais leur faute ; quelqu’un d’autre ou le
monde en général est toujours à blâmer pour tous leurs « problèmes » ou
leurs erreurs.
Martha
STOUT, dans son livre The Sociopath next
door
[Le sociopatthe d’à côté — NdT], identifie ce qu’elle appelle le
stratagème de la pitié. Les psychopathes utilisent la pitié pour
manipuler les autres. Ils vous convainquent de leur donner encore une
chance, et de ne parler à personne de ce qu’ils ont fait. Ainsi, un
autre trait — l’un des plus importants — est leur capacité à contrôler
le flux d’information.
Ils
sont également incapables d’éprouver
des émotions profondes. En fait, quand Robert HARE — un psychologue
canadien qui passa sa carrière à étudier la psychopathie — fit passer
des scanners cérébraux à des psychopathes tout en leur présentant deux
séries de mots : une série de mots neutres sans association
émotionnelle, et une série composée de mots chargés émotionnellement,
alors que différentes zones du cerveau s’activèrent dans le groupe test
des non-psychopathes, dans celui des psychopathes, les deux séries
furent traitées par la même zone du cerveau, celle qui traite le
langage. Ils n’eurent pas de réaction émotionnelle instantanée.
Toute
notre vie émotionnelle est un mystère pour eux, et en même temps, elle
leur fournit un outil formidable pour nous manipuler. Pensez à ces
moments où nous sommes profondément affectés par nos émotions, et à
quel point notre capacité à réfléchir s’en trouve affaiblie.
Maintenant, imaginez que vous êtes capable de feindre une telle
émotion, tout en restant calme et calculateur, tandis que la personne
avec laquelle vous échangez est véritablement prise dans un tourbillon
émotionnel. Vous pourriez avoir recours aux larmes ou aux cris pour
obtenir ce que vous voulez, tandis que votre victime serait poussée au
désespoir par les émotions qu’elle vivrait.
Il
semble aussi
qu’ils n’aient pas de réelle conception du passé ou du futur, vivant
entièrement pour leurs besoins et désirs immédiats. En raison de la
stérilité de leur vie intérieure, ils recherchent souvent de nouveaux
frissons, depuis le sentiment de puissance ressenti en manipulant les
autres jusqu’à l’engagement dans des activités illégales pour la simple
poussée d’adrénaline qu’elles procurent.
Un
autre trait du
psychopathe est ce que LOBACZEWSKI définit comme leur « connaissance
psychologique spéciale » des gens normaux. Ils nous ont étudiés. Ils
nous connaissent mieux que nous-ne nous connaissons nous-mêmes. Ils
sont experts dans l’art de toucher nos points sensibles, d’utiliser nos
émotions contre nous. Mais en plus, ils semblent même avoir une sorte
de pouvoir hypnotique sur nous. Quand nous commençons à être pris dans
la toile d’un psychopathe, nos facultés de réflexion se détériorent, se
troublent. On dirait qu’ils nous jettent un sort.
Ce
n’est que
plus tard, une fois que nous ne sommes plus en leur présence, fascinés
par eux, que la clarté de pensée réapparaît, et nous restons là à nous
demander comment nous avons pu être incapables de réagir ou de nous
opposer à leurs actes.
De
nombreux livres écrits en anglais sur
la psychopathie mentionnent les psychopathes en tant que groupe qui
partage un ensemble de traits communs. L’échelle la plus largement
utilisée pour mesurer la psychopathie a été développée par le Dr HARE.
Il s’agit du PCL-R
[2] .
Il énumère vingt traits que l’on peut trouver dans cette personnalité.
Si le trait se manifeste quelquefois, on lui donne 1 ; si le trait
domine la personnalité, on lui donne 2. Le total maximum est de 40. Les
gens qui ont plus de 30 sur l’échelle PCL-R sont considérés comme des
psychopathes.
Mais
LOBACZEWSKI est allé plus loin en donnant une
taxonomie des différents types de psychopathes et autres types
pathologiques, et en montrant la façon dont leurs déviances oeuvrent de
concert pour former un système pathologique. Il a révélé certains
travaux réalisés par des psychologues en Europe, travaux qui avaient
été perdus au cours de la période communiste.
Laura
: Le
diagnostic est une question litigieuse ; il existe une controverse
qu’il nous faut expliquer si l’on veut comprendre les possibilités de
détection. D’un côté de la controverse, on trouve la description
traditionnelle de la psychopathie dérivée de l’ancienne tradition
européenne mentionnée par LOBACZEWSKI, combinée à la tradition
nord-américaine d’Hervey CLECKLEY, Robert HARE et d’autres. Elle
s’accorde généralement avec l’expérience des psychiatres, psychologues,
personnel de justice criminelle, psychopathologistes expérimentaux, et
même des membres du public profane qui ont personnellement eu affaire à
la psychopathie.
De
l’autre côté de la controverse, on trouve un
mouvement « néo-kraepelinien » (d’après Emil KRAEPELIN
[3] )
dans le psychodiagnostic, mouvement étroitement associé aux recherches
menées par l’université de Washington, à St Louis, dans le Missouri. Ce
dernier point de vue est très étroitement aligné sur le critère de
diagnostic du manuel psychiatrique américain connu sous les noms de
DSM-III, DSM-III-R, et DSM-IV [4] .
L’approche fondamentale de cette école est que l’évaluation d’un
psychopathe repose presque entièrement sur des comportements connus ou
observables en public, ce qui va directement à l’encontre de ce que
l’on sait concrètement au sujet des psychopathes : leur capacité à
dissimuler leur véritable nature. L’argument avancé est qu’un clinicien
est incapable d’évaluer avec fiabilité des caractéristiques
interpersonnelles ou affectives. Une autre supposition est que la
délinquance précoce est un symptôme capital d’ASPD [5] .
Cela tend à mettre lourdement l’accent sur le comportement délinquant
ou antisocial, c’est-à-dire des comportements publiquement observables
qui n’ont peut-être aucun rapport avec la structure interne de
l’individu.
Quoiqu’il
en soit, le DSM-III a établi que les
psychopathes appartenaient à la classification « Troubles de la
personnalité antisociale ».
Les
critères du DSM-III pour l’ASPD
ont été établis par un comité appartenant au groupe de travail sur le
DSM-III de l’Association américaine de psychiatrie, et ont été
légèrement modifiés par un autre comité pour le DSM-III-R. Les critères
du DSM-IV ont aussi été établis par un comité, en faisant peu de cas de
la recherche empirique. Ces critères se focalisent moins sur le
comportement, et donc, ils ressemblent quelque peu aux critères établis
pour d’autres troubles DSM-IV de la personnalité.
En
raison des
problèmes posés par le diagnostic DSM-III et DSM-III-R d’ASPD,
l’Association américaine de psychiatrie a effectué un essai multi-sites
pour collecter des données en préparation du DSM-IV. Les essais sur le
terrain étaient destinés à déterminer si les traits de personnalité
pouvaient être inclus dans les critères pour l’ASPD — qui ne reposent
que sur les comportements publiquement observables — sans en réduire la
fiabilité. L’intention des cliniciens qui firent pression en faveur de
cette étude était de ré-aligner l’ASPD sur la tradition clinique et de
mettre fin à la confusion entre ASPD et psychopathie.
Les
résultats des observations sur le terrain démontrèrent que la plupart
des traits de personnalité reflètant les symptômes de la psychopathie
étaient aussi fiables que les modèles spécifiques de comportement du
DSM-III-R, invalidant ainsi l’hypothèse originelle proposant d’exclure
la personnalité du diagnostic d’ASPD / psychopathie.
Mieux,
les
résultats démontrèrent que le PCL-R de Hare mesurait concrètement la
tendance latente à la psychopathie sous toutes ses formes ! Des
analyses similaires des données rassemblées lors des essais sur le
terrain montrèrent que les critères d’ASPD distinguaient moins bien le
caractère psychopathique, particulièrement lorsqu’il attteignait des
niveaux élevés ! Autrement dit, le critère d’ASPD établi par le
DSM-III-R fut conçu — intentionnellement ou non — pour exclure les
psychopathes les plus psychopathiques !
Malgré
le fait que cette
étude, ait permis d’établir une base empirique pour ajouter dans le
DSM-IV des critères d’ASPD liés au contenu, cela ne fut pas pris en
compte ; les critères adoptés pour le DSM-IV ne furent même pas évalués
dans les essais sur le terrain.
La
description textuelle de
l’ASPD présente dans le DSM-IV (qui nous dit que l’ASPD est « aussi
connu sous le nom de psychopathie ») contient des références aux
caractéristiques traditionnelles de la psychopathie, mais sur de
nombreux points, elle n’est pas conforme aux critères de diagnostic
formels.
Une
des conséquences de l’ambiguïté inhérente aux
critères d’ASPD/psychopathie du DSM-IV est qu’elle laisse la porte
ouverte à des procès au cours desquels un clinicien peut dire que
l’accusé satisfait à la définition d’ASPD présente dans le DSM-IV, et
un autre clinicien peut dire le contraire, et les deux peuvent avoir
raison ! Le premier clinicien peut exclusivement utiliser les critères
de diagnostic formels, tandis que le second clinicien peut dire « oui,
l’accusé satisfait peut-être aux critères formels, mais il ou elle ne
possède pas les traits de personnalité décrits dans la section «
Caractéristiques associées » du texte du DSM-IV ». Autrement dit, un
bon psychopathe avec un bon avocat peut commettre n’importe quel crime
et s’en tirer à bon compte. Cet échec du DSM-IV à différencier entre
psychopathie et ASPD peut avoir (et aura sans aucun doute) de très
graves conséquences pour la société.
LOBACZEWSKI
mentionne le
fait qu’en Allemagne nazie et en Russie stalinienne, les sciences
psychologiques furent cooptées pour soutenir les régimes totalitaires,
et que cela fut accompli par des psychopathes au pouvoir qui
entreprirent ensuite de détruire toute possibilité de diffuser
largement des informations précises sur la condition [psychopathique –
NdT]. Il fait remarquer que tout régime constitué principalement de
déviants pathologiques ne peut permettre à la psychologie de se
développer et de s’épanouir librement, parce que le régime lui-même
serait alors diagnostiqué comme pathologique, ce qui révélerait «
l’homme derrière le rideau. ».
En
se fondant sur des observations
de première main du phénomène en question, LOBACZEWSKI déclare que la
répression du savoir est entreprise de façon typiquement psychopathique
: à couvert et derrière un « masque de santé mentale ». Pour être
capable de contrôler les sciences psychologiques, on doit savoir ou
être capable de sentir ce qui se passe et quels domaines de la
psychopathologie sont les plus dangereux. Un régime politique
pathologique localise les individus psychopathes oeuvrant dans ce
domaine (habituellement de très médiocres scientifiques), facilite
leurs études universitaires et leurs diplômes ainsi que l’obtention de
postes-clés avec un pouvoir d’encadrement des organisations
scientifiques et culturelles. Ils sont alors en position d’écraser les
personnes plus douées — étant motivés aussi bien par leur propre
intérêt que par cette jalousie typique qui caractérise l’attitude du
psychopathe envers les gens normaux. Ce sont eux qui surveillent les
articles scientifiques pour leur « propre idéologie » et qui font tout
pour s’assurer qu’un bon spécialiste se verra refuser la documentation
scientifique dont il aura besoin.
Le
fait est qu’au cours de ces
cinquante dernières années, le concept de psychopathie a été fortement
rétréci, et se réfère maintenant à un trouble de la personnalité
spécifique, bien qu’il y ait eu des tentatives de supprimer entièrement
la classification, en la remplaçant par le « trouble de la personnalité
antisociale », qui peut comprendre une grande variété de comportements
sans nécessairement exiger le diagnostic clinique de psychopathie.
Robert HARE souligne à quel point il est crucial de comprendre que la
psychopathie n’est pas synonyme de criminalité ou de violence ; tous
les psychopathes ne s’engagent pas dans des comportements violents ou
criminels. En même temps, les personnes violentes ou criminelles ne
sont pas toutes des psychopathes.
Selon
Robert HARE, CLECKLEY,
LOBACZWESKI et beaucoup d’autres experts en psychopathie, un diagnostic
de psychopathie ne peut se baser sur des symptômes comportementaux
visibles à l’exclusion des symptômes interpersonnels et affectifs,
parce qu’une telle procédure transforme en psychopathes de nombreuses
personnes qui sont simplement blessées par la vie ou la société, et
permet aux vrais psychopathes qui arborent un « masque de santé mentale
» bien construit d’échapper au dépistage. D’après une documentation de
plus en plus conséquente, beaucoup (ou la plupart) des psychopathes
grandissent dans des familles aisées et stables, et deviennent des
criminels en col blanc qui, à cause de leur argent et de leur position,
ne subissent jamais la révélation publique de leurs comportements
destructeurs privés, et échappent constamment au système judiciaire.
Venons
en maintenant au diagnostic et/ou au dépistage en particulier : il
existe un certain nombre de théories sur l’étiologie de la psychopathie
: par exemple la psychopathie en tant que stratégie adaptative ou
variante de la personnalité normale, ou encore dysfonctionnement du
cerveau, trouble de l’attachement ou expression d’une pathologie dans
la petite enfance, trouble d’apprentissage, etc. Très peu de preuves
empiriques soutiennent l’idée que le vrai psychopathe est le résultat
d’une enfance maltraitée, par contre de nombreuses preuves empiriques
soutiennent une cause génétique. Le modèle neurobiologique nous donne
l’espoir de détecter même le psychopathe le plus retors.
Comme
Henry l’a mentionné, une étude portant sur les temps de réaction à
divers mots — émotionnels, neutres, pseudo mots — a montré que les
potentiels évoqués (ERP [6] ) en tâches de décision
lexicale [7]
chez des non-criminels indiquaient que les réponses aux mots positifs
et négatifs étaient plus précises et plus rapides que les réponses aux
mots neutres. Dans les cerveaux de ces sujets, les sites centraux et
pariétaux indiquaient des composants ERP rapides précoces et tardifs
par rapport aux mots émotionnels. On en déduit que les composants
tardifs d’ERP indiquaient un traitement continu du mot.
Dans
la
même étude, les criminels non-psychopathes montraient également une
sensibilité aux mots émotionnellement chargés. Les psychopathes, quant
à eux, ne montraient aucun temps de réaction ou différence d’ERP entre
les mots neutres et émotionnels. En outre, la morphologie de leurs ERPs
présentait une différence saisissante par rapport à celle des
non-psychopathes. Le composant tardif d’ERP qui était long et étendu
chez les non-psychopathes était petit et bref chez les psychopathes. On
pense que cela reflète le fait que les psychopathes prennent des
décisions lexicales et traitent l’information de façon superficielle.
Cela est confirmé par des études récentes d’imagerie cérébrale qui
montrent que les psychopathes abusant de substances toxiques ont moins
d’activité cérébrale durant la réalisation d’une tâche de décision
lexicale que les non-psychopathes abusant des mêmes substances.
HARE
et d’autres ont aussi découvert que les anomalies ERP des psychopathes
ne s’arrêtaient pas au langage affectif mais incluaient aussi le
langage abstrait. Une autre découverte curieuse notée dans deux études
distinctes fut une onde négative exceptionnellement grande qui balayait
les zones frontales du cerveau. Une interprétation possible est que
cela reflète une profonde anomalie de traitement cognitif et affectif.
D’autres
études récentes donnent des résultats et des conclusions similaires : à
savoir que les psychopathes ont de grandes difficultés à traiter les
éléments affectifs (émotionnels) à la fois verbaux et non-verbaux,
qu’ils ont tendance à confondre la signification émotionnelle des
événements, et le plus important, que ces déficits apparaissent dans
les scanners du cerveau. Les psychopathes ont une distribution
inter-hémisphérique inhabituelle des ressources de traitement, des
difficultés à apprécier le sens subtil et les nuances du langage —
comme les proverbes, les métaphores, etc. — ont une faible capacité de
discrimination olfactive, vraisemblablement en raison d’un
dysfonctionnement orbito-frontal, et pourraient être affectés par ce
qui ressemble à une forme subclinique de trouble de la pensée
caractérisée par un manque de cohésion et de cohérence dans le langage.
Aucun autre modèle de psychopathie ne peut expliquer toutes ces
anomalies cognitives et affectives, qui peuvent être détectées par des
scanners du cerveau.
Le
dernier point : nous travaillons sur le
problème du trouble de la pensée, et tentons d’établir des règles
générales afin que la personne lambda puisse réaliser ses propres
estimations personnelles après avoir effectué des tests secrets au
cours de discussions avec une personne qu’elle soupçonnerait de
tromperie ou de manipulation (pour diverses raisons).
Mais
il
s’agit d’une question sensible. Comme LOBACZEWSKI le fait remarquer, si
un psychopathe se considère lui-même comme normal, ce qui bien-sûr est
considérablement plus facile s’il est en position d’autorité, alors il
considérera une personne normale comme différente, et donc anormale.
Les actions et réactions d’une personne normale, ses idées et critères
moraux, étonnent le psychopathe, qui les voient comme anormaux .
Quelqu’un de normal étonnera le psychopathe par sa naïveté, il
considérera cette personne comme partisane de théories
incompréhensibles sur l’amour, l’honneur et la conscience ; il ne sera
pas loin de la traiter de « cinglé ». Cela explique pourquoi les
gouvernements pathologiques ont toujours considéré les dissidents comme
étant « mentalement anormaux ».
Le
système judiciaire n’est pas
fait pour gérer ce problème, car, évidemment, ce système est souvent la
création d’individus pathologiques — ou du moins, ce sont eux qui
l’administrent. Une législation bien pensée exigerait d’examiner
scientifiquement les individus qui prétendent de façon trop insistante
ou spécieuse que quelqu’un d’autre est psychologiquement anormal.
D’autre
part, tout système social (ou tout dirigeant) pathologique au sein
duquel la psychiatrie est utilisée pour des raisons politiques présente
des problèmes supplémentaires. Toute personne se rebellant contre un
système gouvernemental qui le choque par son étrangeté et son
immoralité, peut facilement être désigné par les représentants dudit
gouvernement comme un individu « mentalement anormal », quelqu’un qui a
un « trouble de la personnalité » et qui devrait subir un traitement
psychiatrique ; et les représentants de ce gouvernement ont de nombreux
moyens à leur disposition pour prendre le contrôle de la procédure
d’examen. Ils peuvent faire appel à un psychiatre scientifiquement et
moralement dégénéré pour accomplir cette tâche.
Il
s’agit donc d'une question épineuse...
Silvia
CATTORI : Pouvez-vous nous citer certains types
identifiés par LOBACZEWSKI ?
Henry
: Comme la plupart des chercheurs, il opère une distinction initiale
entre les déviances héréditaires et les déviances acquises,
c’est-à-dire entre ceux qui sont nés pathologiques et ceux qui
deviennent pathologiques à cause de blessures des tissus cérébraux ou
de traumatismes dans leur enfance. Une blessure du tissu cérébral peut
laisser des cicatrices qui changent ensuite la capacité de l’individu à
percevoir et à ressentir. Ces zones du cerveau destinées à gérer ces
fonctions ne peuvent le faire, et donc les données sont déviées vers
d’autres zones normalement destinées à d’autres tâches. Lobaczewski
nomme caractéropathes les individus dont le caractère se développe de
manière déformée à cause de blessures ou de traumatismes. Il donne
ensuite la liste des différentes formes de caractéropathies : le
caractéropathe paranoïde (il cite LENINE comme exemple) ; la
caractéropathie frontale, une déviance due à des blessures dans les
zones frontales du cortex cérébral (STALINE est un exemple de ce type)
; la caractéropathie induite par des substances (médicaments et
drogues), causée par l’usage de produits qui endommagent le système
nerveux central. Enfin, il cite les caractéropathies induites par les
agents pathogènes (les maladies) (il suggère la possibilité que
Franklin D. ROOSEVELT ait souffert de ce trouble), ainsi que certains
personnages épileptiques (il cite CESAR et NAPOLÉON).
Les
troubles héréditaires sont : la schizoïdie ou psychopathie
schizoïdique, la psychopathie essentielle, la psychopathie asthénique,
la psychopathie anankastique, hystérique et skirtoïde, et les individus
qu’il qualifie de « chacals », c’est-à-dire ceux qui finissent comme
tueurs à gages ou mercenaires. LOBACZEWSKI conjecture que ce dernier
type est un mélange des autres types. Pour donner une idée, je vais
juste évoquer deux types.
La
psychopathie schizoïde est une
déviance qui engendre des personnes hypersensibles et méfiantes qui ne
tiennent aucun compte des sentiments des autres. Elles sont attirées
par les idées grandiloquentes, mais leur nature psychologique appauvrie
limite gravement leurs perceptions et transforment leurs soi-disant «
bonnes intentions » en influences favorisant le mal. Leur idée de la
nature humaine finit par pervertir leurs tentatives. Comme le dit
LOBACZEWSKI, l’espression typique de leur attitude envers l’humanité se
retrouve dans ce qu’il appelle la « déclaration schizoïdique » : « La
nature humaine est si mauvaise que dans la société humaine, l’ordre ne
peut être maintenu que par un pouvoir fort créé par des individus
hautement qualifiés au nom d’une idée supérieure ». Combien de
mouvements contemporains, du fascisme au communisme en passant par le
néoconservatisme, sont fondés sur cette idée ! On pourrait facilement
imaginer que cette déclaration vient de Leo STRAUSS, par exemple.
Les
psychopathes essentiels sont ceux qui se rapprochent le plus de l’idée
de la psychopathie examinée par CLECKLEY, HARE, BALBIAK et d’autres.
LOBACZEWSKI fait cette remarque effrayante : « Ils apprennent à se
reconnaître dans une foule dès l’enfance, et ils développent la
conscience de l’existence d’autres individus similaires à eux. Ils
prennent également conscience de leur différence par rapport au monde
des personnes qui les entourent. Ils nous voient avec un certain recul,
comme une variété paraspécifique ».
Pensez
aux implications de
cette déclaration : Ils sont, dans une certaine mesure, conscients
d’appartenir à un groupe, et ce, même depuis l’enfance ! Reconnaissant
leur différence fondamentale par rapport au reste de l’humanité, leur
allégeance serait envers ceux de leur espèce, c’est-à-dire les autres
psychopathes. LOBACZEWSKI fait remarquer que, dans toute société, les
individus psychopathiques créent souvent un réseau actif de collusions
communes, séparé dans une certaine mesure de la communauté des gens
normaux. Ils sont conscients d’être différents. Leur monde est
éternellement divisé selon le mode « eux et nous » ; leur monde avec
ses propres lois et coutumes, et l’autre « monde étranger » des gens
normaux qu’ils considèrent comme rempli d’idées et de coutumes
présomptueuses sur la vérité, l’honneur et la décence, à la lumière
desquels ils se savent moralement condamnés. Leur propre sens déformé
de l’honneur les pousse à tromper et à injurier les non-psychopathes et
leurs valeurs. En contradiction avec les idéaux des gens normaux, les
psychopathes ressentent comme un comportement normal le fait de rompre
les promesses et les accords. Non seulement ils convoitent les biens et
le pouvoir et les revendiquent comme un droit, simplement parce qu’ils
(les psychopathes) existent et qu’ils peuvent se les approprier, mais
ils prennent aussi un plaisir particulier à spolier autrui et usurper
leurs biens ; ; ce qu’ils peuvent plagier, escroquer et extorquer sont
des fruits bien plus savoureux que ceux qu’ils peuvent récolter par un
travail honnête. Ils réalisent aussi très tôt à quel point leurs
personnalités peuvent avoir des conséquences traumatisantes sur les
personnalités des non-psychopathes, et apprennent comment tirer
avantage de cette source de terreur afin d’atteindre leurs objectifs.
À
présent imaginez à quel point les êtres humains qui sont totalement
ignorants du sujet pourraient être abusés et manipulés par ces
individus s’ils étaient au pouvoir dans différents pays, feignant
d’être loyaux envers les populations locales tout en insistant sur les
différences physiques évidentes et facilement discernables entre
groupes (telles que la race, la couleur de peau, la religion, etc.).
Les humains psychologiquement normaux seraient dressés les uns contre
les autres sur la base de différences insignifiantes tandis que les
déviants au pouvoir, dont la différence fondamentale par rapport au
reste d’entre nous est l’absence de conscience, l’incapacité à éprouver
des sentiments pour un autre être humain, récolteraient les bénéfices
et tireraient les ficelles.
Je
pense que cela décrit de façon assez juste la
situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.
Silvia
CATTORI : Pouvez-vous nous donner des exemples
qui nous aideront à comprendre le problème de manière plus générale ?
Henry
: A. LOBACZEWSKI nous offre une analyse de la manière dont les
différents types de psychopathes travaillent de concert pour former un
système au sein duquel les personnes cliniquement pathologiques
détiennent les clés du pouvoir et dirigent les gens psychologiquement
normaux.
Au
début du livre, LOBACZEWSKI décrit ses expériences
à
l’université, où il rencontra le phénomène pour la première fois. Il se
rendit à la bibliothèque pour emprunter quelques livres traitant de la
psychopathie et découvrit avec étonnement qu’on les avait tous retirés
! Ce fait démontre qu’ils sont conscients de leur différence, au moins
certains d’entre eux, et dans le cas de la Pologne sous le communisme,
ces individus conscients de leur différence étaient suffisamment
haut-placés et avaient suffisamment de pouvoir pour faire retirer les
livres de la bibliothèque universitaire. Laura nous a dit que ce
passage lui avait fait dresser les cheveux sur la tête ! Les
implications de ce fait sont d’une portée considérable pour la
compréhension de notre monde, de la façon dont il en est arrivé là, et
de ce qu’il nous faut faire pour le changer.
Mais
voici quelques exemples de comportement
psychopathique rapportés par d’autres auteurs :
Une
mère joue à cache-cache avec sa fille de 4 ans. Elle tient un grand
couteau de cuisine dans la main. Elle dit à sa fille : « je vais
compter jusqu’à cent, et si je te trouve, alors je te couperai les
pouces ». La petite fille, terrifiée, se cache dans son placard, et la
mère — qui sait que c’est probablement l’endroit où elle se cache — la
laisse là, terrifiée, effrayée, traumatisée, jusqu’à la fin du jeu.
Quand la mère ouvre la porte, elle se penche sur sa fille et entaille
la peau d’un de ses pouces.
Une
famille a deux fils. L’un d’eux
se suicide avec un fusil de chasse. Le Noël suivant, les parents
offrent ce même fusil à leur autre fils comme cadeau de Noël. Quand on
leur demande pourquoi, ils répondent : « C’était une arme excellente ».
Comment
un tel comportement peut-il être compatible avec un système de croyance
qui nous dit que nous avons tous une étincelle divine en nous, ou que
tout le monde a une conscience ? Pouvez-vous imaginer faire de telles
choses à vos propres enfants ?
Notre
système de morale ne nous
donne aucun moyen de traiter cette maladie. Elle doit être comprise
pour ce qu’elle est. Ces personnes ne peuvent être « soignées ».
Imaginez ce même individu au pouvoir, et vous serez en mesure
d’expliquer des scandales comme celui d’Enron. HARE rapporte des cas de
psychopathes qui s’en prennent aux personnes âgées. Imaginons qu’une
personne âgée ait été escroquée des économies de toute une vie —
manifestement par un psychopathe. Un autre psychopathe contactera la
victime, se faisant passer pour un avocat qui, moyennant finance,
pourra récupérer son l’argent. La victime empruntera alors de l’argent
à un ami ou un proche et le perdra au profit de l’avocat marron.
Laura
: Un des facteurs principaux à prendre en compte dans la façon dont une
société peut être accaparée par un groupe de déviants pathologiques est
que la seule limitation est celle de la participation d’individus
prédisposés au sein de cette société. Pour les déviants les plus
actifs, LOBACZEWSKI donne le chiffre approximatif de 6% en moyenne sur
une population donnée. Bien sûr, ce chiffre varie selon les pays, en
fonction de nombreuses variables. La société occidentale offre un large
choix d’individus prédisposés.
Le
psychopathe essentiel est au
centre de la toile. Les autres psychopathies et caractéropathies
décrites par LOBACZEWSKI et d’autres forment le second niveau du
Système de Contrôle Pathologique, et il est important de noter qu’ils
sont bien plus nombreux que les psychopathes essentiels. Ainsi, ce
groupe représente-t-il environ 6% d’une population donnée.
Le
niveau suivant d’un tel système est composé d’individus qui sont nés
normaux, mais qui sont déjà déformés par une exposition à long terme à
des éléments psychopathiques via les influences familiales ou sociales,
ou qui, par quelque faiblesse psychique, ont choisi de satisfaire aux
exigences de la psychopathie pour leurs propres buts égocentriques. En
termes de chiffres, selon LOBACZEWSKI, ce groupe représente environ 12%
d’une population donnée dans des conditions normales ; il est
difficile, comme le fait remarquer LOBACZEWSKI, de tracer une frontière
précise entre ces derniers types et les déviants génétiques sans
l’apport d’une science authentique et non-psychopathique. À l’heure
actuelle, les distinctions ne peuvent être que descriptives.
Il
se trouve donc que 18% d’une population donnée oeuvrent activement à la
création et à la domination d’une pathocratie (ou font des tentatives
qui vont dans ce sens). Le groupe de 6% constitue la noblesse
pathocratique, et le groupe de 12% forme la nouvelle bourgeoisie, dont
la situation économique est des plus avantageuse.
Une
fois
établi, le système psychopathique élitiste ronge tout l’organisme
social, gâchant les compétences et pouvoirs de celui-ci. Une fois
qu’une pathocratie a été établie, elle suit un certain chemin et
possède certains pouvoirs « attractifs ». Dans une pathocratie, le
système socio-économique émane de la structure sociale créée par le
système du pouvoir politique, qui est un produit de la vision du monde
élitiste propre aux déviants pathologiques. Ainsi, on peut dire que la
pathocratie ressemble à un processus de maladie macrosociale créé par
des agents pathogènes humains, et elle peut en venir à affecter une
nation entière à un degré équivalent à un cancer qui diffuse ses
métastases. La maladie macrosociale de la pathocratie suit exactement
le même modèle que le cancer qui évolue dans un organisme en suivant un
processus pathodynamique caractéristique.
Il
est impossible de
comprendre un tel phénomène pathologique en utilisant les méthodes des
gens « normaux » qui ne prennent pas en compte les processus de pensée
déviants des agents pathogènes humains. On pourrait certainement dire
que le monde entier est gouverné par une « pathocratie cachée » (ou
cryptopathocratie) depuis très longtemps. De nombreux chercheurs
suggèrent qu’il y a toujours eu un « gouvernement secret » opérationnel
même si le gouvernement « officiel » n’est techniquement pas une
pathocratie. On peut suggérer que les psychopathes sont techniquement
TOUJOURS en coulisse, même au cours des cycles historiques qui ne sont
PAS des pathocraties (c’est à dire les « bonnes périodes » que
LOBACZEWSKI décrit comme la fondation d’un cycle hystéroïde qui ouvre
la porte à une pathocratie à découvert).
Si
nous utilisons le
terme pathocratie à la place de « loi du gouvernement secret », alors
toute l’Histoire devient une « pathocratie » et le mot perd son sens,
il est donc important de noter que le terme « pathocratie » est le
phénomène spécifique représentant une conséquence de l’hédonisme des
bonnes périodes, et qu’elle est caractérisée par (100) cent% de
psychopathes essentiels exerçant ouvertement des fonctions de
commandement,,comme c’est arrivé en Allemagne nazie, en Russie
communiste et en Europe de l’Est. Et, dois-je ajouter, comme cela se
produit actuellement.
On
ne peut réellement qualifier les
questions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui de « politiques
», en utilisant les termes usuels des idéologies politiques, car, comme
nous l’avons souligné plus haut, les déviants pathologiques opèrent
sous un masque, en utilisant la tromperie et autres tactiques de
manipulation psychologiques qu’ils pratiquent avec une grande
ingéniosité. Si nous pensons ou croyons qu’un groupe politique portant
tel ou tel nom est hétérogène eu égard à sa vraie nature, nous ne
serons pas capables d’identifier les causes et propriétés de la
maladie. N’importe quelle idéologie sera utilisée pour dissimuler les
caractéristiques pathologiques aux experts comme aux gens ordinaires.
Ainsi, tenter de se référer à ceci ou cela comme étant de « gauche » ou
de « droite » ou « socialiste », « démocratique », « communiste », «
démocrate » ou « républicain », etc., ne nous aidera jamais à
comprendre l’auto-reproduction pathologique et ses influences externes
expansionnistes. Comme le dit LOBACZEWSKI, « Ignota nulla curatio morbi
[8]
» ! Aucun mouvement ne réussira JAMAIS s’il ne tient pas compte de la
psychopathie et de la ponérologie !
Silvia
CATTORI : Les pervers sont ceux qui face aux problèmes qu’ils ont créés
disent : « C’est la faute des autres. Je n’ai rien à y voir ».
Henry
: Exactement. Un exemple qui vient à l’esprit est celui du psychopathe
cité par HARE qui tua ses parents et qui ensuite implora la compassion
parce qu’il était orphelin !
Rien
n’est jamais leur faute. Ils ne sont jamais
responsables de quoi que ce soit.
Laura
: J’aimerais expliquer un peu plus ce phénomène. Le psychopathe est un
individu qui divise le monde en blanc et noir, bien et mal, et cette
division est très rigide. La structure psychopathique est organisée
autour d’une structure très simple : « c’est agréable : c’est bien /
c’est désagréable : c’est mal ». Mais ce n’est pas parce que cette
structure est rigide qu’elle est rationnelle ou stable ! Les choses
sont bonnes ou mauvaises, mais ce qui est bon ou mauvais dépend des
circonstances immédiates, c’est-à-dire de ce que le psychopathe veut à
ce moment-là.
Mais
il ne s’agit pas d’un « mécanisme de défense
» ; c’est juste que, pour le psychopathe, la réalité à prendre en
compte est centrée sur ce qui lui « est agréable » sans tenir compte
des autres êtres humains, excepté en tant qu’objets qui peuvent
satisfaire ses besoins. On pourrait presque dire que la structure
psychologique du psychopathe est équivalente à celle d’un nouveau-né,
et elle ne se développe jamais, ne grandit jamais.
Un
nouveau-né
n’a pas de soi interne, hormis en tant que centre d’un réseau d’entrées
et de sorties neurologiques qui recherchent le plaisir et rejettent
l’inconfort. Bien sûr, chez un psychopathe adulte, de circuits
neurologiques hautement développés ont évolué au cours du processus
d’apprentissage des meilleurs méthodes pour obtenir satisfaction de ses
besoins et demandes.
Sous
l’influence de cette structure interne,
le psychopathe n’est pas capable d’apprécier les désirs ou besoins des
autres êtres humains et les nuances subtiles d’une situation, ou de
tolérer l’ambiguïté. Toute la réalité extérieure est filtrée via —
rendue conforme à — cette structure interne primitive.
Quand
le
psychopathe est frustré, il semble ressentir que tout dans le monde «
extérieur » est contre lui et qu’il est bon, qu’il souffre sans mesure
et recherche seulement l’idéal d’amour, de paix, de sécurité, de
beauté, de chaleur et de réconfort. C’est à dire que quand un
psychopathe est confronté à quelque chose de déplaisant ou de menaçant,
ceci (personne, idée, groupe, ou quoi que ce soit), est placé dans la
catégorie « totalement mauvais » parce qu’évidemment, si le psychopathe
ne l’aime pas, ça ne peut pas être bon !
Maintenant,
venons-en au
pire : quand les preuves démontrant qu’un choix ou qu’un acte du
psychopathe a créé un problème ou a empiré une situation s’accumulent,
cela aussi doit être nié comme quelque chose faisant partie du soi et
projeté comme quelque chose venant « de l’extérieur ».
Cela
signifie que tout ce qui est défini comme « mauvais » est projeté sur
quelqu’un ou quelque chose d’autre, parce que la structure interne du
psychopathe n’admet aucun tort, aucun mal, aucune erreur. Et gardez à
l’esprit qu’ils ne fonctionnent pas comme cela par choix, mais parce
qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ils sont faits ainsi. Ils sont
comme le chat qui prend plaisir à torturer une souris avant de la
manger. C’est exactement ce qu’ils font.
Les
psychopathes sont
des maîtres de l’Identification Projective. C’est à dire qu’ils
projettent sur les autres tout ce qui est mauvais (souvenons-nous que «
mauvais » change en fonction de l'objectif du psychopathe), ils tentent
de manière manipulatrice d’induire chez les autres personnes ce qu’ils
projettent. E Ils cherchent à contrôler les personnes qu’ils perçoivent
comme manifestant ces « mauvaises » caractéristiques. De cette manière,
le psychopathe prend du plaisir et sent qu’il « contrôlela situation ».
Gardez
à l’esprit que ce que le psychopathe considère comme bon n’a rien à
voir avec la vérité, l’honneur, la décence, la considération pour les
autres, ou avec tout ce que désire le psychopathe àun moment donné. De
cette manière, toute violation du droit des autres, tout acte répugnant
et malveillant peut être commis par un psychopathe et il dormira comme
un bébé (littéralement) la nuit parce qu’il n’a rien fait de mal !
George
BUSH et les néoconservateurs peuvent détruire l’Irak et appeler ça «
instauration de la démocratie », cela ne leur pose vraiment aucun
problème. Les psychopathes israéliens peuvent usurper la Palestine,
massacrer les Palestiniens, justifier ces actes par la Bible et s’en
trouver bien. Bien sûr, quand ils sont en train de mentir, ils le
savent, mais dans leur for intérieur, ils croient que le véritable bien
est ce qui leur procure du plaisir et les fait se sentir en sécurité
dans ce monde. Et ils savent que des êtres comme eux seront moralement
condamnés et attaqués par la majorité des autres êtres humains s’ils ne
dissimulent pas sous un masque de justification solennelle leurs
impulsions à satisfaire leurs désirs.
Silvia
CATTORI :
Cela suggère-t-il que les pathocrates modernes, opérant au sein de ce
qu’on appelle aujourd’hui la « société de l’information » ne sont guère
différents des partisans d’Hitler ? Ceci mis à part qu’ils sont plus
dangereux parce qu’ils ont des outils plus sophistiqués et sont
capables d’utiliser les divers moyens de communication d’une manière
plus consciente ?
Laura
: Cela résume très bien la situation.
Henry
: Le système pathocratique, c’est à dire un gouvernement constitué de
déviants psychologiques, produira des effets similaires qu’il soit
dissimulé sous le masque du fascisme, du communisme ou du capitalisme.
L’idéologie elle-même n’est pas importante. Elle sert simplement de
couverture et de point de ralliement à un certain pourcentage de la
population dont ils ont besoin comme base de soutien.
Ce
groupe
de soutien croit aux slogans et est incapable de voir derrière le
masque. Un certain pourcentage d’entre eux interprètera les slogans
idéologiques avec les yeux de la conscience et croira que le but est
d’améliorer notre sort. En conséquence, nous entendons des slogans sur
la fraternité de l’homme, ou celle des exploités, des expressions
creuses sur la justice et la liberté, l’apport de la démocratie en
Irak, etc., tandis que la réalité est impuissance, division et
asservissement. À mesure que certains individus qui soutiennent
l’idéologie en viennent à voir le gouffre entre les idéaux et les
actions des chefs du parti, certains s'en vont et sont remplacés par
d’autres.
Dans
le monde d’aujourd’hui où l’information est
contrôlée par un petit nombre d’agences de presse, et où ces agences
ont beaucoup de points communs avec les gouvernements pathologiques, un
plus grand nombre de gens peuvent être influencés et infectés par le
processus de pensée pathologique. Un exemple est la célèbre remarque
que fit Madeleine ALBRIGHT en 1996, quand on l’interrogea sur les
cinq-cent-mille morts en Iraq — la plupart étant des enfants —
conséquence de l’embargo. Elle répondit qu’elle pensait que « cela en
valait la peine », c’est à dire que ces morts étaient le prix
nécessaire à payer pour écraser Saddam Hussein . Il s’agit
incontestablement d’une logique pathologique, et pourtant combien
d’Américains ont-ils entendu cette réponse et n’y ont pas réagi ?
Quiconque n’a pas été scandalisé en entendant cette déclaration a été
infecté par la pensée pathologique, a été ponérisé. L’infection
pathologique. a déformé sa pensée.
Silvia
CATTORI :
L’absence de conscience et l’insensibilité à la souffrance sont-elles
ce qui distingue les psychopathes des gens normaux ?
Henry
: C’est probablement le point-clé que les gens doivent comprendre.
Depuis des années, des artistes, des écrivains, des philosophes et
d’autres tentent de comprendre pourquoi notre monde est une vallée de
larmes perpétuelle. Ils ont tenté de trouver des explications
moralistes. LOBACZEWSKI consacre la première partie de son livre à une
discussion sur la futilité de cette approche, suggérant à la place une
approche scientifique fondée sur une compréhension du mal en tant que «
maladie de société », en tant qu’actes commis par des déviants
pathologiques au sein d’une société. Privés de la capacité à éprouver
de l’empathie envers les autres, ces gens ne peuvent ressentir cette
souffrance, pas plus qu’un chat ne ressent la souffrance d’une souris
quand il joue avec elle avant de la tuer. BUSH peut envoyer des
milliers de soldats en Iraq ou en Afghanistan, où ils seront tués ou
mutilés pour la vie, et où ils tueront des milliers de personnes et
détruiront un pays entier, il peut autoriser la torture sur les
prisonniers, peut soutenir les actions d’Israël dans les territoires
occupés ou au Liban, mais aucune des souffrances qu’il cause n’est
réelle pour lui. Chez ces personnes, il n’y a pas de structure mentale
appropriée pour traiter ces émotions. Ils en sont physiologiquement
incapables.
Laura
: Ils n’ont pas le matériel mental requis pour
faire fonctionner le programme d'empathie.
Henry
: La seule souffrance que connaît le psychopathe, c’est quand on lui
retire sa nourriture, et j’utilise le mot nourriture dans un sens
symbolique : c’est à dire quand il n’obtient pas ce qu’il veut. Voilà
le niveau de sa vie émotionnelle. Toute autre chose que nous pensons
voir en eux vient de notre propre imagination qui projette sur eux
notre propre réalité intérieure.
Et
c’est ce que nous faisons
tout le temps, parce qu’il est très difficile de comprendre réellement
qu’il y a des gens dont la vie intérieure ne possède pas la richesse
qui caractérise celle des gens normaux.
Laura
: En
réalité, quand nous projetons notre propre structure interne sur le
psychopathe, nous nous comportons surtout de manière psychopathique !
Nous nous retrouvons dans un monde « noir et blanc » où les nuances de
l’existence humaine ne sont pas prises en compte. Le fait est que tout
le monde ne naît pas égal en termes d’intelligence, de talent,
d’apparence physique, etc. Et de même que personne ne se ressemble
physiquement, ils sont différents dans leur structure psychologique,
même si certains éléments nous rassemblent en tant qu’espèce.
LOBACZEWSKI fait remarquer que c’est une une loi de la nature
universelle : plus l’organisation psychologique d’une espèce donnée est
élevée, plus les différences psychologiques parmi les unités
individuelles sont grandes. L’homme est l’espèce la plus hautement
organisée ; par conséquent, ces variations entre individus sont les
plus grandes. À la fois qualitativement et quantitativement, des
différences psychologiques existent dans toutes les structures du
modèle de personnalité humaine.
L’expérience
nous apprend que les
différences psychologiques entre les gens sont souvent la cause de
problèmes. Nous ne pouvons surmonter ces problèmes que si nous
acceptons les différences psychologiques comme une loi de la nature et
que nous en apprécions la valeur créative. Ces différences sont un
grand cadeau pour l’humanité, permettant aux sociétés humaines de
développer leurs structures complexes et d’être hautement créatives
tant au niveau individuel que collectif. Grâce à la variété
psychologique, le potentiel créatif de toute société est cent fois plus
élevé qu’il ne pourrait l’être si notre espèce était psychologiquement
plus homogène.
La
personnalité humaine normale est constamment en
train d’apprendre, de se développer, de changer. Un processus évolutif
perpétuel est la situation normale. Certains systèmes politiques et
religieux essaient d’induire une stabilité et une homogénéité
excessives dans nos personnalités, mais ceci malsain pour l’individu et
la société d’un point de vue psychologique.
Une
société
correctement éduquée psychologiquement connaîtra et comprendra les
différences, et sera aussi au courant de la chose essentielle que les
humains normaux ont en commun : la capacité à développer une conscience
mature. De cette manière, les différences pourront être célébrées et le
potentiel créatif pleinement optimisé.
Silvia
CATTORI :
Si nous trouvons de plus en plus de manipulateurs et de gens pervers à
tous les niveaux, est-ce parce que notre société favorise les
narcissiques et les individualistes ?
Henry
: N’est-ce
pas ce que nous voyons avec les valeurs des néolibéraux ? L’idée
entière du capitalisme est une idée narcissique. Aux États-Unis, qui
sont le modèle affiché au reste du monde, on nous dit : « tout le monde
peut devenir président ». C’est le mythe du succès individuel. « Visez
la Première place. » « Si vous travaillez suffisamment dur, vous aussi,
vous pourrez devenir riche et réussir. » « Si vous échouez, c’est votre
propre faute ».
Face
à cette mythologie, cette idéologie, les
psychopathes sont mieux équipés pour la réussite que les gens de
conscience, parce qu’ils n’ont pas de sensibilité éthique ou morale qui
mettrait un frein à leurs actions. Ils sont tout à fait disposés à
écraser n’importe qui pour arriver au sommet : poignarder dans le dos,
mentir, répandre des histoires sur leurs rivaux sont tout à fait
acceptables, sans jamais perdre de temps avec des remords.
L’imposition
du néolibéralisme au reste du monde est aussi un moyen de ponériser de
plus grandes parties du globe. C’est une idéologie pathologique cachée
sous une pseudo-science économique.
Silvia
CATTORI :
Commettons-nous une erreur quand nous imaginons que les souffrances
créées par Israël en Palestine et par les États-Unis en Afghanistan et
en Iraq prendront fin le jour où Bush ou Olmert, ou tout autre
individu, quitteront le pouvoir ? Les causes sont-elles systémiques et
même imperméables aux changements de parti politique et de gouvernement
?
Henry
: Oui. Regardez les États-Unis. Chaque parti est
le reflet parfait de l’autre. Pour préserver l’image de la démocratie,
les deux sont nécessaires, les deux servent les mêmes maîtres. Mais il
n’y a aucun leader aux États-Unis qui se lève et parle du génocide des
Palestiniens. La mort de centaines de milliers d’Iraquiens est passée
sous silence. Il n’y a pas de place pour la conscience au sein du
gouvernement étasunien, des deux partis. Et le contrôle de la presse,
sans parler d’autres moyens comme le chantage et les menaces,
s’assurent que ceux qui pourraient parler n'aient pas les moyens de le
faire.
Israël
est un État fondé sur un grand mensonge : un «
être
suprême » a déclaré qu’un petit groupe de gens était « son peuple élu »
et il leur a donné un petit bout de terre au Moyen-Orient il y a des
milliers d’années. Le grand mensonge d’Israël et du judaïsme est aussi
le mensonge fondamental du christianisme et de l’islam, les deux autres
religions monothéistes. Nous avons donc une grande partie du monde qui
vit depuis des milliers d’années avec des systèmes de croyance
outrageusement absurdes — si on prend les enseignements au pied de la
lettre et non comme des expressions déformées d’une vérité spirituelle
supérieure sous-jacente.
Comment
le fait de changer un des
joueurs individuels (quel qu’il soit) de ce système va-t-il changer une
dynamique qui se déploie sur des milliers d’années ? La structure
pathocratique décrite par LOBACZEWSKI s’applique non seulement aux
gouvernements, mais aussi aux autres groupes et organisations — partout
où le pouvoir s’accumule. Les organisations religieuses et les
mouvements de libération peuvent entrer en ponérisation, et ce qui à
l’origine était peut-être un outil de libération devient un outil
d’asservissement.
Si,
comme LOBACZEWSKI le suggère, les
psychopathes essentiels se reconnaissent entre eux et sont capables
d’oeuvrer de concert pour atteindre des objectifs communs propres à
leur « espèce para-spécifique », en opposition avec nos intérêts, alors
nous avons là un mécanisme qui explique une structure de contrôle qui
s’étend au loin, dans les brumes du passé, lorsque les premiers
psychopathes établirent la première pathocratie. Soudainement, des
théories qui jusque là avaient été rabaissées au niveau de « théories
du complot » peuvent être examinées sous une nouvelle lumière, par des
méthodes qui expliquent comment elles peuvent exister. Je pense qu’il
s’agit là d’un domaine très important à explorer plus avant.
On
peut poser une autre question : quel effet le fait de croire à un
mensonge produit-il sur la personnalité ? Y a-t-il une pathologie qui
soit fondée sur l’acceptation d’un mensonge fondamental comme pierre
angulaire d’un système de croyance ? Des études ont été réalisées sur
la « croyance » et le caractère des vrais croyants. Mais si l’erreur
originale n’était pas tant la croyance que la croyance en un mensonge ?
Toute croyance est-elle une croyance en un mensonge parce que notre
savoir est imparfait ? Et une fois que nous sommes fixés sur la «
croyance » envers et contre tout, subissons- nous une distorsion de
notre personnalité ?
Mais
pour revenir à votre question, il
semble qu’Israël ait une place spéciale dans le monde aujourd’hui. Il
peut ignorer la loi internationale et ne pas s’inquiéter d’avoir à
rendre des comptes. Il peut déclencher des attaques brutales contre les
Palestiniens et pourtant, il est toujours dépeint comme la victime —
une tactique typiquement psychopathique. Les attaques contre les juifs
dans le monde entier sont cataloguées et dénoncées tandis que les mêmes
actes commis contre les Arabes et les musulmans sont acceptables — un
autre trait psychopathique. Nous avons émis l’hypothèse dans d’autres
livres que nous avons publiés, comme 911 : The Ultimate Truth,
que les psychopathes au sommet de la pyramide ont choisi d’utiliser les
juifs pour qu’ils jouent un rôle spécial dans le déclenchement d’une
grande purge de la population humaine. L’idée qu’il existe une grande
conspiration juive est l’histoire dissimulatrice diffusée par les
pathocrates psychopathiques pour couvrir leurs propres plans. Il y a
bien un complot, mais il n’est pas juif ; il est pathologique.
Silvia
CATTORI : Les choses ne peuvent-elles qu’empirer parce que le Mal
macrosocial est le même Mal qui affecte l’humanité depuis l’aube des
temps ? Un Mal en quelque sorte inhérent à la nature humaine et devant
lequel nous sommes impuissants ?
Henry
: Le Mal n’est pas
inhérent à la nature humaine — du moins pas aux humains normaux qui ont
été correctement éduqués. Cette question est un des points les plus
importants soulevés par LOBACZEWSKI dans son analyse du système
pathocratique. Ce Mal systémique vient d’un petit groupe de gens qui
n’ont pas de conscience, soit parce qu’ils sont nés comme ça,
c’est-à-dire que ce sont des psychopathes génétiques, soit parce qu’en
raison de blessures subies dans leur enfance, ou de leur éducation,
leur conscience est morte ou s’est flétrie.
Par
exemple,
LOBACZEWSKI pense que STALINE était un caractéropathe. C’est à dire
qu’il n’était pas né psychopathe, mais les traits pathologiques se
développèrent suite à des blessures subies dans son enfance. Son type
de pathologie peut être identifié. Donc en fait, les recherches de
LOBACZEWSKI sont libératrices parce qu’elles nous délivrent de l’idée
que ces actes horribles commis par le Mal font partie de la « nature
humaine » normale. Ces individus sont comme des microbes pathogènes
dans un corps — comme un cancer dans la société, ou comme la lèpre.
Certainement, un corps peut être rongé et détruit par la maladie, mais
c’est du fait de la maladie, pas du corps lui-même.
Nous
ne
saurons pas réellement ce qu’est la nature humaine tant que nous
n’aurons pas supprimé l’influence pathocratique et que nous ne serons
pas capables de fonder une société vraiment humaine, c’est-à-dire menée
et caractérisée par des valeurs en accord avec notre nature la plus
élevée, notre conscience.
Silvia
CATTORI : Nous avons vu
la facilité avec laquelle un George BUSH ou un Tony BLAIR sont capables
de mentir. Ils ne clignent même pas des yeux, lorsqu’ils mentent
éhontément. Pensez-vous que des menteurs comme BUSH et BLAIR, qui
présentent les caractéristiques du narcissique et du manipulateur,
soient nés pervers/pathologiques ?
Henry
: Nous ne sommes
pas psychologues et nous ne donnerons aucun diagnostic concernant des
individus précis. Nous notons cependant que des histoires sur BUSH ont
circulé, d’après lesquelles il faisait exploser des grenouilles avec
des pétards quand il était enfant. Il est également complètement
irresponsable. Rien n’est jamais sa faute. BLAIR a le charme tranquille
si fréquemment remarqué par les psychologues étudiant la question de la
psychopathie. En ce qui me concerne, ce sont des personnages
pathologiques. Mais ce qui est important, c’est le système, le système
pathocratique. Les individus jouent différents rôles au sein du système
selon leur type.
Silvia
CATTORI : Ces traits sont-ils intrinsèques à
l’individu et peuvent-ils être corrigés ?
Henry
: La correction dépend de beaucoup de variables… Avant de penser à
corriger ces anomalies, il nous faut trouver les moyens de nous
protéger de leur influence. Cela signifie, primo, d’admettre que de
telles personnes existent et se retrouvent à des postes de pouvoir, et
secundo, d’apprendre à reconnaître les signes de leurs manipulations et
les caractéristiques pathologiques de notre propre processus de pensée,
afin de nous libérer de leur influence.
Laura
: Comme le
dit Henry, il y a beaucoup de variables. Quand on parle des
psychopathes, spécifiquement, le consensus général actuel est que non
seulement on ne peut les guérir, mais qu'on ne peut les traiter.
Le
premier problème est que si vous voulez traiter une maladie, vous devez
avoir un patient. Le mot patient vient du latin et signifie « souffrir
.» Un patient, par définition, est quelqu’un qui souffre et cherche un
traitement.
Les
psychopathes ne ressentent pas de détresse et ne
pensent pas qu’il y ait quoi que ce soit qui n’aille pas chez eux, ils
ne subissent pas de stress ou de névrose, et ne recherchent pas de
traitement volontairement. Ils ne considèrent pas que leurs attitudes
et comportements soient en quoi ce que soit mauvais, et les nombreux
programmes de traitement qui ont été établis pour les aider à «
développer de l’empathie » et des compétences interpersonnelles n’y
changent rien. Le psychopathe ne reconnaît aucun défaut dans sa psyché,
aucun besoin de changer. Ils seront cependant d’accord pour participer
à des programmes de traitement en prison afin de pouvoir être libérés.
Quand
on examina le taux de récidive des psychopathes et d’autres criminels
en traitement, on découvrit que le taux de récidive général était aussi
élevé dans le groupe traité que dans le groupe non traité, 87% et 90%
respectivement, cependant le taux de récidive violente était
considérablement plus élevé dans le groupe traité que dans le groupe
non-traité : 77% et 55% respectivement. Par contraste, les
non-psychopathes traités avaient des taux considérablement plus bas de
récidive générale et violente — 44% et 22% respectivement — que les
psychopathes non traités — 58% et 39% respectivement. Il semble donc
que les programmes de traitement fonctionnent pour les
non-psychopathes, mais aggravent en fait le cas des vrais psychopathes.
Un
journaliste canadien faisant un reportage sur cette étude a écrit : «
Après leur libération, on a découvert que ceux qui avaient les
meilleures notes en terme de « bonne réaction au traitement » et qui
avaient les plus hautes notes en « empathie » étaient ceux qui étaient
les plus enclins à récidiver après leur libération. »
Voilà
les psychopathes : ils peuvent simuler n’importe
quoi pour obtenir ce qu’ils veulent.
La
question est celle-ci : comment une thérapie peut-elle empirer le cas
d’une personne ? Robert HARE émet la suggestion que la thérapie de
groupe et la thérapie d’orientation psychanalitique aide en réalité les
psychopathes à développer de meilleurs moyens aux fins de manipuler,
tromper et se servir des gens, mais ne les aide en rien à se comprendre
eux-mêmes.
FREUD
a argué que les psychopathes ne pouvaient être
traités par la psychothérapie, précisément parce qu’avoir une
conscience était un pré-requis nécessaire pour faire appel à la
psychothérapie. C’est la conscience, jointe à la capacité de se
préoccuper des autres, qui poussent à l’examen attentif de nos
motivations — tout cela est à la base de notre comportement. Les
psychopathes, eux, n’ont pas de conscience et n’éprouvent pas d’intérêt
pour les autres, par définition.
Silvia
CATTORI : Comment
peut-on savoir si l’on n’est pas soi-même psychopathe ? Que l’on n’a
pas soi-même été influencé par les effets de leur perversion/pathologie
pendant qu’ils occupaient des postes de pouvoir au sein d’une
administration où nous nous trouvions — au sein d’un syndicat, d’un
parti politique ou d’ailleurs ?
Laura
: Pour la première
partie de votre question, laissez-moi vous dire que ce n’est pas une
question inhabituelle — pour un être un humain normal — mais
maintenant, vous avez probablement compris que si une personne pense
qu’il pourrait y avoir quelque chose « qui ne va pas » chez elle, c’est
qu’elle n’est pas psychopathe ! Souvenez-vous : le/la psychopathe ne
peut tout simplement pas concevoir que quelque chose n’aille pas chez
lui/elle.
Henry
: Il est tout à fait possible — à vrai
dire, terriblement commun — de devenir ponérisé, selon les termes de
LOBACZEWSKI, c’est-à-dire d’être infecté par ce mal. C'est ce qui
arrive quand vous commencez à accepter le raisonnement pathologique
comme quelque chose de normal. Nous avons utilisé l’exemple de
Madeleine ALBRIGHT plus haut. Prenez le sport professionnel, comme
autre exemple. L’intimidation sur le terrain en tant que composante
légitime d’un sport comme le football est aujourd’hui acceptée comme
quelque chose de normal. Nous avons vu durant la dernière Coupe du
Monde, l’an dernier, que MATERAZZI avait impitoyablement provoqué
ZIDANE pendant le match de finale. Les gens n’ont rien trouvé à redire.
Ils acceptent que cela fasse partie du jeu aujourd’hui. Cependant, une
telle violence verbale n’a rien à voir avec le football. Elle ne fait
partie du jeu que parce que le monde du sport professionnel, et le
monde du sport en général, ont été ponérisés. Ce qui est pathologique a
fini par être accepté en tant que norme.
Et
dès qu’une influence
de ce type est acceptée, cette infection s’étend. Quand nous commençons
à faire nôtres des formes de pensées pathologiques, à les accepter en
tant que normes, notre capacité à réfléchir se détériore.
Silvia
CATTORI : Quand vous entendez des journalistes, des hommes d’État, des
intellectuels et des écrivains, qui incitent le monde à faire la guerre
à l’Iraq, à l’Iran, parce que c’est utile à Israël ou parce que nous
avons besoin de leur pétrole, quelle est votre réaction ?
Laura
: Je vois que cette question s’adresse au Dr LOBACZEWSKI. Je tiens à
souligner qu’Andrzej est très âgé et souffrant. Il est à peine capable
de lire parce que ses yeux sont en mauvais état, et donc il n’est pas
du tout au courant des événements actuels. Lorsque nous discutons de
ces choses avec lui et lui exposons ce qui se passe réellement — une
information à laquelle il n’a normalement aucun accès — il est
terriblement attristé. Si seulement je pouvais vous montrer à quel
point cela nous fend le coeur de voir sa peine. Notre réponse à sa
tristesse qui est si poignante, quand vous réalisez ce qu’il a enduré
durant toute sa vie, est de le protéger, de faire le travail en son nom
et de lui assurer que tout ce qui peut être fait pour partager la
connaissance à laquelle il a consacré toute sa vie, sera fait.
Personnellement, je voudrais lui offrir un peu de paix par la promesse
que nous avons repris le fardeau, et qu’il peut maintenant se reposer.
Silvia
CATTORI : Quand vous dites qu’il y a environ 6% de pervers/d’invidus
pathologiques dans la population humaine, comment êtes-vous arrivés à
ce nombre ?
Henry
: Les 6% de LOBACZEWSKI viennent de son
analyse et de celle des autres membres du groupe avec lequel il
travaillait. Mais c’était pour la Pologne. Il est possible que les taux
varient selon les pays, suivant leurs histoires particulières. Si nous
regardons l’Amérique du Nord ou l’Australie, des régions en partie
colonisées par des gens forcés de quitter leurs foyers, des criminels,
des aventuriers, nous pouvons nous demander si la perspective de
conquérir des continents peut ou non avoir attiré certains types plus
que d’autres. L’histoire de l’Ouest américain par exemple, et le
génocide des peuples indigènes, n’indiquent-ils pas une incidence plus
élevée de psychopathie ? Peut-être le niveau aux États-Unis est-il plus
élevé aujourd’hui à cause de cela.
Laura
: Une récente
étude portant sur une population universitaire a suggéré la possibilité
que 5% ou plus de cet échantillon soit considéré comme psychopathique.
C’était une étude sérieuse destinée à dénicher les psychopathes qui ne
sont pas criminels mais qui sont, au contraire, des individus qui
réussissent au sein de la communauté. Cette étude a aussi démontré que
la psychopathie se produit bien au sein de la communauté et à un taux
probablement plus élevé que prévu ; et il apparaît que la psychopathie
et les troubles de la personnalité se recoupent peu, en dehors du «
Trouble de la personnalité antisociale ». Manifestement, un travail est
nécessaire dans le but de comprendre les facteurs qui différencient le
psychopathe qui respecte la loi (bien qu’il ne respecte pas la morale)
du psychopathe qui enfreint la loi. Cela éclaire un des problèmes
majeurs de la recherche qui a été menée jusque là, et qui s’est
concentrée principalement sur des échantillons médicolégaux.
Silvia
CATTORI : La psychopathie inclut-elle les
hommes et les femmes en général ?
Laura
: Bien que la grande majorité des psychopathes soient des hommes, il y
a des femmes psychopathes. Le rapport est de plus d’ un homme sur dix
contre approximativement une femme sur cent.
Silvia
CATTORI : Comment avez-vous établi que c’était plus fréquent chez les
hommes ? Cela signifierait que sur l’ensemble de la population, presque
une personne sur dix a des tendances psychopathiques plus ou moins
fortes la poussant à créer un climat de conflit ?
Laura
:
Cela a été établi comme moyenne d’après différentes études. Comme celle
citée plus haut portant sur une population universitaire (des étudiants
en psychologie, d’ailleurs, ce qui devrait nous faire réfléchir !)
donne un chiffre de 5% ou plus, nous pourrions penser que ces chiffres
aussi élevés étaient dus à l’échantillon. D’autre part, cette étude a
peut-être révélé des individus au comportement psychopathique qui
n’étaient pas nécessairement de vrais psychopathes. Bien sûr, le
chiffre pourrait être plus élevé à tel ou tel endroit, dans telle
profession comparée à telle autre, etc. Ce qu’il est nécessaire de
garder à l’esprit, c'est que les psychopathes, à cause de leur nature,
s’élèvent au sommet quel que soit le milieu où ils se trouvent. Alors
ne vous imaginez pas qu’ils sont en bas de l'échelle sociale, dans les
bas-fonds de la société, et que vous ne les rencontrerez pas ou ne
serez pas affectés par eux.
Silvia
CATTORI : Ce
pourcentage semble très bas. Concerne-t-il seulement les pervers qui
ont une position dominante et qui sèment la discorde et le désordre où
qu’ils aillent ?
Henry
: Il peut sembler bas parce que
dans une société ponérisée, beaucoup de gens deviennent infectés par la
maladie. Ils voient ce que font les autres, et n’étant pas assez forts
eux-mêmes pour suivre leur propre code moral, si ce code diffère de
celui de leurs voisins, ils suivent le troupeau. Ces gens sont le
soutien de base du statu quo. Ils ne sont peut-être pas eux-mêmes
psychopathes, mais ils soutiennent et défendent le statu quo.
Un
autre aspect pour maintenir le soutien de base est le recours à la
crainte, à des menaces ouvertes d’emprisonnement et de torture, à la
crainte d’être étiqueté comme différent, comme « opposant au régime »,
et autres jugements de même acabit.
Laura
: Gardez aussi
à l’esprit les 12% d’individus sensibles à l’influence et au mode de
pensée psychopathique. À la fin, vous avez un total de 18% ou plus
d’une population donnée qui cherche à soumettre et à contrôler le
reste. Si vous considérez alors ce reste, les 82%, et gardez à l’esprit
la bell curb [courbe de Gauss — NdT], au moins 80% du reste suivra
celui — peu importe qui — qui est au pouvoir. Et puisque les
psychopathes ne sont aucunement limités dans leurs actes pour arriver
au sommet, ceux qui sont au pouvoir sont généralement pathologiques. Ce
n’est pas le pouvoir qui corrompt, ce sont les individus corrompus qui
recherchent le pouvoir.
Silvia
CATTORI : Le conflit
semble être une forme de nourriture pour ce type de personnalité
perverse/pathologique. Parce qu’il leur permet de projeter leur
agression, leur violence, sur les autres et d’éviter de se remettre en
question ?
Henry
: On pourrait dire que, n’ayant pas
d’émotion en propre, ils se nourrissent de leur pouvoir à déclencher
les émotions des autres. Ils jouissent du pouvoir que cela leur donne.
Être « au-dessus » de telles démonstrations émotionnelles les fait se
sentir supérieurs.
Silvia
CATTORI : Votre analyse du
mensonge est très pertinente. Quand vous démontrez que le menteur a
toujours raison, vous êtes très convaincant. Il y a là une nouvelle
matrice pour comprendre comment fonctionnent les psychopathes. Vous
expliquez très bien ce mécanisme du mensonge. Le mensonge est leur
manière de fonctionner et de gagner. Je voudrais en savoir plus sur ce
mécanisme du mensonge et sur ses effets. Comment fonctionne-t-il ? Ces
menteurs sont-ils présents dans tous les domaines ?
Henry
: Mentir est une stratégie très efficace, parce que très peu de gens
pensent qu’il y a des menteurs purs et durs dans la société, des gens
qui mentent systématiquement.
Pensez
à un divorce ou à une autre
affaire exposée devant un juge et des jurés. La plupart d’entre nous se
rendra aux audiences avec en tête l’idée que la vérité est quelque part
entre les deux. Les deux parties en conflit dans une affaire
raconteront leur histoire, chacun embellissant un peu sa version,
chacun se mettant sous son meilleur jour, et le juge ou le jury
supposeront que la vérité est quelque part entre les deux.
Mais
qu’arrive-t-il quand l’un des deux individus est un menteur et que
l’autre dit la vérité ? Le menteur est à son avantage parce que le juge
ou le jury s’attendra encore à ce que la vérité soit quelque part entre
les deux. Donc, quelqu’un qui est victime d’un menteur et d’un
manipulateur ne peut s’en sortir. Dire la vérité ne peut rendre à cette
personne toute la justice qu’elle mérite, tandis que l’auteur d’un
crime tirera toujours quelque chose du mensonge.
La
vie
quotidienne est comme ce tribunal. On est toujours disposé à donner aux
autres le bénéfice du doute, si l’on est une personne morale. Le
menteur et le manipulateur ne feront jamais cela et utiliseront contre
elle la bonne volonté de la personne de conscience.
Mentir
est
donc toujours une stratégie gagnante. Cela peut en soi être le signe
que nous vivons au sein d’un système pathologique !
Laura
: Quand on considère la structure interne infantile du psychopathe, il
n’est pas si difficile de comprendre l’aspect du mensonge. Le
psychopathe ne ment même pas réellement, il « crée juste une réalité »
afin qu’elle se conforme à ses désirs.
Je
vais essayer
d'expliquer. La réalité psychopathique existe de façon arbitraire : ils
déclarent que les choses sont ainsi. Pour eux, ces déclarations
représentent la réalité. La déclaration du moment peut contredire ce
qu’ils ont dit à un autre moment. Cela ne signifie rien pour eux. Ils
n’essaient jamais de gérer la contradiction car pour eux, il n’y a pas
de contradiction. Souvenez-vous, les psychopathes ne peuvent comprendre
des abstractions comme l’espace et le temps, et ce qu’ils ont dit il y
a un moment sous le coup d’impulsions diverses est maintenant du passé,
et par conséquent n’existe plus.
Les
psychopathes démontrent un
manque total de compréhension de ce que nous appelons les « faits ».
Les humains normaux ont réellement du mal à concevoir cela, parce que
pour nous, les faits font fondamentalement partie de notre vie. Nous
vivons par eux, nous évaluons et jugeons en fonction d’eux. Nous
établissons des faits, ensuite nous procédons à des tests et
établissons d’autres faits. Quand nous débattons, nous commençons par
des faits et montrons comment nous tirons nos conclusions à partir de
ces faits.
Les
psychopathes ne font pas cela. Cependant, parce
qu’ils projettent leur propre structure interne sur les psychopathes,
la plupart des gens ne comprennent pas cela. Les humains normaux qui
ont un mode de pensée psychopathique essaient de se convaincre qu’il
existe une autre raison expliquant cette bizarre condition mentale.
Quand les psychopathes ne se préoccupent pas des faits, nous pensons
que c’est intentionnel, qu’ils jouent un jeu avec nous. Nous pensons
qu’ils sont bien au courant des faits, mais qu’ils ne veulent pas
l’admettre.
Rien
ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Les
psychopathes ne savent pas ce que sont les faits. Le concept de fait
est en réalité une abstraction qu’ils ne peuvent saisir. Un cas
illustrant cela est rapporté par un psychothérapeute : il demanda à sa
patiente, une psychopathe, d’observer une chaise située à environ 1,80
mètre, près du mur. Il lui demanda ensuite de décrire la chaise. Ce
qu’elle fit, de manière assez détaillée, excepté pour les pieds. La
chaise qu’elle décrivit n’avait pas de pieds.
Le
thérapeute le
lui fit remarquer, et lui demanda comment la chaise pouvait être
suspendue en l’air, sans pieds pour la soutenir. Elle répondit : « Je
l’ai posée là. ». Le thérapeute demanda : « Si vous regardez ailleurs,
tombera-t-elle par terre ? » Elle dit : « Non. Si je regarde ailleurs,
la chaise n’est plus là ». Le thérapeute demanda : « Si vous regardez
ailleurs, et qu’il s’avère que la chaise est toujours là ? ». Elle
ignora la question.
L’idée
populaire New Age basée sur l'adage «
on se crée sa propre réalité » est un exemple de la manière dont la
pensée psychopathique a infiltré notre société. Le principe est : « Si
suffisamment de gens croient que quelque chose est vrai, alors ce
qu’ils croient EST la réalité. »
En
réponse à cela, on peut faire
remarquer avec raison : « Il fut un temps où tout le monde, pour ce que
nous en savons, croyait que le soleil tournait autour de la terre.
C’était faux, et le croire n’y changea rien ». Mais si vous demandez à
un psychopathe : « Êtes-vous en train de dire qu’à cette époque, le
soleil tournait en fait autour de la terre — et que c’est seulement
pour obéir à un changement de pensée chez les gens que la terre s’est
mise à tourner autour du soleil ? », il vous ignorera ou vous accusera
de déformer les « faits ».
Un
être humain normal pensera
naturellement que le refus du psychopathe à répondre à cette question,
le fait qu’il se retourne contre vous en vous accusant de présenter les
faits (ainsi que lui-même) sous un faux jour, est une admission tacite
que ce qu’il dit est faux. Mais vous auriez tort sur ce point. Face aux
preuves qu’ils ont tort, les psychopathes n’hésitent pas à faire des
déclarations et des affirmations concernant sur ce qu'ils insistent
être la réalité.
Ron
SUSKIND, ancien reporter au Wall Street Journal et
auteur de The Price of Loyalty : George W. Bush, the White
House,
and the Education of Paul O’Neill, a écrit :
«
Au
cours de l’été 2002, après avoir écrit
un article dans Esquire
qui déplut à la Maison Blanche — article parlant de l’ancienne Chargée
de communication de BUSH, Karen HUGHES — je rencontrai un conseiller en
chef de BUSH. Il exprima le mécontentement de la Maison Blanche, puis
me dit quelque chose que je ne compris pas totalement sur le moment —
mais qui, je le crois maintenant, plonge au cœur même de la présidence
de BUSH .
L’assistant déclara que les types comme moi faisaient
partie “de ce que nous appelons la communauté fondée sur la réalité”,
qu’il définit comme les gens qui “croient que les solutions émergent de
votre observation judicieuse de la réalité discernable”. J’acquiesçai
et murmurai quelque chose à propos des principes des Lumières et de
l’empirisme. Il me coupa : “Le monde ne fonctionne plus réellement
ainsi” . “Nous sommes un empire maintenant, et quand nous agissons,
nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette
réalité — comme vous le faites, judicieusement — nous agissons à
nouveau, créant de nouvelles réalités, que vous pouvez étudier aussi,
et c’est ainsi que les choses se règleront. Nous sommes les acteurs de
l’Histoire… et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que
nous faisons” ».
Ils
ne mentent pas réellement — ils
créent de « nouvelles réalités ». Rien de ce que nous appelons réalité
n’est réel pour eux. Quand un être humain normal parle d’une chaise, il
se réfère à une chaise qui tient sur ses propres pieds. Elle est là,
que quelqu’un la voie ou non, que quelqu’un la mentionne ou non, que
quelqu’un « déclare » ou non sa présence. Elle a sa propre existence
souveraine. Mais il n’en est pas ainsi pour les vrais psychopathes. Les
psychopathes, avec leur structure interne infantile, sont inaptes à
comprendre que tout ce qui n’est pas eux existe en propre, séparé
d’eux. Quelque chose ne devient réel qu’à partir du moment où ils
reconnaissent cette réalité, et ils ne reconnaissent que ce qui est
important pour eux en terme de ce qu’ils désirent, de ce qui leur
procurera du plaisir.
Quand
un être humain normal demande que les
déclarations du psychopathe soient évaluées, le psychopathe déclare que
celui qui fait une telle demande n’a aucune intégrité, ce qui signifie
réellement que leur position – leur déclaration – ne tient pas !
Du
point de vue du psychopathe, le monde est comme une scène
holographique. Ils « déclarent » l’existence des choses. Tout est
hologramme. Ils programment les hologrammes. Ils interagissent avec eux
de toutes les manières qui leur conviennent. Ils sont sous leur
contrôle total. Quand ils décident de supprimer un hologramme, il
disparaît.
Un
hologramme n’est pas censé penser par lui-même. Un
hologramme n’est pas censé mesurer, évaluer, apprécier, etc. Et
surtout, un hologramme n’est pas censé critiquer son maître.
Quand
cela arrive, ils le châtient d’abord pour le ramener dans le rang. Si
cela ne marche pas, ils le font « disparaître ». Et s’ils doivent le
tuer pour ce faire, c’est ce qui arrive.
L’expérience
a montré
que peu importe ce que nous disons, ce que nous leur faisons remarquer,
la quantité de preuves fournies, cela ne signifie rien pour les
psychopathes. Ils n’ont qu’un but : nous tromper afin qu’on les
classifie comme humains normaux de sorte qu’ils puissent continuer à
nous duper, nous contrôler et nous utiliser pour leur propre pouvoir et
gloire, parce que c’est ce qui leur donne du plaisir.
Silvia
CATTORI : Il y a par conséquent une interaction constante : l’individu
pervers/pathologique ne peut dominer seul et a besoin d’alliés. Il doit
donc former des clans et les unifier, offrant des avantages à ceux qui
servent ses intérêts. Avantages qui les lient ensuite à eux, les
maintiennent assujettis ? Autrement dit, si le système est pervers,
alors chacun devient pervers et tout est perdu ?!
Henry
:
Oui et non. Il existe des faiblesses inhérentes au système
pathocratique. Mais cela prend du temps. LOBACZEWSKI décrit la
dynamique à l’œuvre dans les pays de l’Est sous le communisme. Les
pathocrates sont incapables de faire quoi que ce soit d’authentiquement
créatif. Ils dépendent des gens de conscience pour leur créativité. Une
société sans créativité est condamnée à périr tôt ou tard. Quand les
principaux postes de pouvoir de cette société, du gouvernement, de
l’industrie, des affaires sont tenus par des pathocrates, le cycle
dégénérescent commence.
En
même temps, les gens normaux
commencent à voir la société pour ce qu’elle est, et ils inventent des
stratégies de survie. Ils commencent à reconnaître que leurs dirigeants
ne sont pas comme eux.
Malheureusement,
quand une société
recouvre ses sens, une autre idéologie masquant un autre groupe — ou
bien le même groupe sous un autre nom — de déviants est déjà en place,
prête à prendre sa place. Quand le communisme s’écroula en Union
soviétique et dans les pays d’Europe de l’Est, les pathocrates
capitalistes étaient prêts à s’emparer du butin, et parmi les
pathocrates, certains communistes furent même capables de trouver un
nouveau « nid » confortable au sein des « nouvelles » démocraties
capitalistes.
La
question est celle-ci : un tel processus
a-t-il déjà commencé aux États-Unis — qui sont, à notre avis, le centre
de gravité de la pathocratie aujourd’hui ? Étant donné que les
pathocrates semblent motivés par un programme visant à réduire la
population mondiale par millions sinon par milliards, par le biais des
guerres ou d’autres moyens, nous sommes en droit de nous demander si
nous aurons le temps de voir s’achever ce cycle. Nous ne sommes pas
très optimistes.
Mais
même si une expression particulière de la
pathocratie tombe, le système lui-même reste en place, émergeant
ailleurs, au sein d'un nouveau « centre ».
Silvia
CATTORI
: L’exemple qui va dans cette direction est l’Iraq. BUSH voulait la
guerre à tout prix. BUSH ment et il gagne. Il trouve des alliés de la
même espèce que lui, comme BLAIR et BERLUSCONI. Les gens qui dénoncent
leurs crimes et les combattent perdent. Cela semble être un parfait
exemple de ce qui est décrit dans Ponérologie.
Est-il
impossible de dire non à ces monstres ?
Henry
: Comment dire non quand les médias sont complètement contrôlés par
d’autres pathocrates ? Vous pouvez descendre dans la rue, comme des
millions de gens l’ont fait avant l’invasion de l’Iraq, mais cela n’a
pas d’importance parce que les dirigeants politiques pathocratiques ne
se soucient absolument pas de ce que pensent les gens. Il leur est
indifférent qu’il y ait des milliers ou des millions de gens contestant
leur politique — ils ont d' effrayantes armes militaires à leur
disposition. Ensuite, les médias ont déformé le message des dissidents
et les ont présentés comme des traîtres. Ils sont toujours considérés
comme des traîtres après quatre ans, alors qu’il est devenu clair comme
de l’eau de roche que BUSH and Co ont eu tort de faire la guerre et
qu’ils ont menti sur tous les points.
Pourtant,
les États-Unis
sont toujours en Iraq et il est politiquement impossible de réclamer
plus qu’un simple « débat » sur une future réduction des troupes.
Ainsi,
une des questions est celle-ci : dans un environnement aussi contrôlé,
combien de gens voient-ils la réalité ? Et une autre se pose : dans une
telle réalité, comment les gens qui voient les mensonges réagissent-ils
et répondent-ils en faveur d’un changement ?
La
majorité des gens
ont eu leur conscience écrasée et ont accepté tant de compromis qu’ils
sont incapables de penser ou de ressentir les choses correctement. Ils
croient qu’il y a un nombre illimité de fondamentalistes islamiques se
préparant à faire exploser leurs maisons et leurs écoles, peu importe
la totale absurdité de cette idée, et malgré le fait que la majorité de
tels attentats à la bombe soient des opérations « false flag
[9]
». Le fait bien établi que les agences de renseignement commettent des
attentats à la bombe et accusent ensuite leurs opposants — il est
impossible d’arguer que ce type de chose n’est pas une pratique
régulière — devient moins crédible pour les gens aux États-Unis, au
Royaume-Uni et ailleurs, que le conte de fées décrivant des centaines
de fondamentalistes islamiques prêts à se faire exploser au nom d’Allah
!
Repensez
à ce que LOBACZEWSKI écrit à propos du
raisonnement
confus qui se produit quand quelqu’un est en présence d’un psychopathe.
Via les médias, cette confusion s’étend au-delà du contact personnel
immédiat et devient un fléau affectant la société dans son ensemble. La
société elle-même est infectée par la maladie.
Et
pour ceux qui
luttent pour retrouver leur santé mentale et qui voient les mensonges,
la puissance à laquelle ils sont confrontés est si écrasante qu’ils
peuvent facilement abandonner. La tâche semble trop grande.
Laura
: Est-il impossible de dire « non » à ces
monstres ? Non. Difficile ? Oui.
Les
individus qui pensent que le changement peut s’effectuer via des
processus légaux ou politiques ne comprennent pas que les lois et la
politique, en général, soient toutes deux créées et contrôlées par des
individus pathologiques qui les établissent à leur avantage, et non à
celui de leurs compatriotes . Ainsi, les lois et la politique
sont-elles des mesures insuffisantes pour contrer une société
pathologique engendrée par les efforts et l’influence des déviants.
Une
autre chose qu’il est important de retenir eu égard à la recherche de
solutions via les moyens légaux ou politiques : la roublardise des
déviants pathologiques est bien supérieure à celle des êtres humains
normaux. La plupart des gens sont familiers de l’idée de la ruse
exceptionnelle dont font preuve les fous, mais la psychopathie, sous
ses différentes formes, possède un élément additionnel : le Masque de
Santé mentale.
Récemment,
nous avons vu Cindy SHEEHAN s’éveiller
au fait que le parti démocrate n’était qu’une autre idéologie derrière
laquelle opérait la psychopathie. Elle est partie, et d’après ce que
j’ai compris, a maintenant décidé que le « 911 Truth Movement » était
l’endroit où il fallait être. Je suis désolée de devoir l’informer que
les psychopathes supervisent aussi ce spectacle. Vous ne pensiez tout
de même pas qu’ils commettraient des crimes comme le 11 septembre sans
assurer leurs arrières par l’invention et le contrôle d’un « mouvement
pour la vérité », n’est-ce pas ?
Je
reçois sans cesse des lettres
de groupes d’action politique qui demandent de l’argent et du soutien.
J’ai donné de l’argent et mon soutien, et j’ai aussi écrit de
nombreuses lettres et e-mails leur disant que leurs « actions
politiques » n’auraient aucun effet s’ils ne prenaient pas en compte la
psychopathie dans l’équation. Ils étaient tous tellement certains que
remettre les démocrates au pouvoir allait tout changer, mais le fait
est que rien n’a changé. Tout cet argent et ces efforts ont été gâchés.
Et maintenant, les gens s’en rendent compte alors que nous le disons
depuis le début.
Je
le redirai encore — et continuerai à le faire
: tant qu’on n’accordera pas à la connaissance et à la prise de
conscience de l’existence d’êtres humains pathologiques toute
l’attention qu’elles méritent, et qu’elles ne feront pas partie de la
connaissance générale de tous les êtres humains, il n’y aura aucun
moyen de changer les choses d’une manière efficace et durable. C’est la
première priorité, et si la moitié des gens qui s’agitent pour la
Vérité, pour arrêter la guerre ou Bush ou je ne sais quoi d’autre
consacrait leurs efforts, leur temps et leur argent à dévoiler la
psychopathie, cela nous permettrait peut-être de progresser.
Finalement,
le réel problème réside encore dans le fait que la connaissance de la
psychopathie, et la manière dont les psychopathes dirigent le monde ont
été efficacement cachées ; les gens n’ont donc pas la connaissance
adéquate et nuancée dont ils auraient besoin pour apporter un véritable
changement radical. À maintes reprises tout au long de l’Histoire, cela
a toujours été « on prend les mêmes et on recommence ».
Quand
vous avez affaire à des psychopathes, vous avez affaire à l’esprit
criminel, et quand de tels esprits tiennent des positions de pouvoir
absolu — comme c’est le cas aujourd’hui — rien ne peut les retenir — et
rien ne les retiendra, c'est une certitude.
BUSH
(ou plus
précisément, ceux qui tirent ses ficelles) a un contrôle quasi absolu
de toutes les branches du gouvernement. Vous pouvez remarquer cela si
vous observez soigneusement que, peu importe ce que Bush commet
d’illégal, personne ne le prendra vraiment à partie. Tous les «
scandales » qui ont fait surface, dont n’importe lequel aurait fait
tomber toute autre administration, ne sont que des farces jouées pour
le public, pour le distraire, pour lui faire penser que la démocratie
est toujours active.
Il
n’y a que deux choses qui puissent soumettre un
psychopathe :
1)
un psychopathe plus puissant ;
2)
le refus absolu et non-violent de tous les autres à se soumettre à son
contrôle, quelles que soient les conséquences. Si toutes les personnes
normales aux États-Unis (et ailleurs) arrêtaient tout et refusaient de
participer à la réalisation d’un seul objectif du programme
psychopathique, s’ils le faisaient en masse, si les gens refusaient de
payer les impôts, si les soldats refusaient de combattre, si les
fonctionnaires et les fainéants des entreprises refusaient d’aller au
travail, si les médecins refusaient de traiter les élites
psychopathiques et leurs familles, tout le système s’arrêterait
brutalement.
Mais
cela ne peut arriver que si les masses SONT
INFORMÉES sur la psychopathie dans tous ses horribles détails. Ce n’est
que s’ils savent qu’ils ont affaire à des créatures qui ne sont
réellement pas humaines qu’ils peuvent avoir la compréhension de ce
qu’ils doivent faire. Et ce n’est que quand ils seront suffisamment
désespérés, au point que les malheurs que leur infligera le psychopathe
au début de leur résistance paraîtront pâles en comparaison, qu’ils
auront la volonté de le faire. C’est cela, ou bien la compréhension du
monde que les psychopathes sont en train de créer pour leurs enfants,
en tout cas l’amour pour l’humanité de demain, qui les motiveront à
résister.
Silvia
CATTORI : Est-ce que Chirac, après avoir
dit non pour l’Iraq, a fait des concessions majeures à BUSH par peur de
devenir un homme de paille ? Les pervers ont-ils besoin d’hommes de
paille ?
Henry
: Imaginez que vous êtes un politicien
avec une conscience face à un monde dominé par des gens pour qui tous
les moyens sont bons pour rester au pouvoir : chantage, intimidation,
menaces. Dans quelle mesure le scandale en France sur les finances de
Chirac quand il était Maire de Paris furent-elles utilisées pour le
remettre dans « le droit chemin » ? Nous ne pouvons que spéculer.
Nous
savons que Bush espionnait illégalement les citoyens américains ;
faisait-il cela pour collecter des données qui pourraient être
utilisées pour faire chanter et intimider les politiciens ou les
journalistes de l’opposition qui posaient trop de questions ? Je pense
qu’il serait naïf de ne pas considérer cette possibilité.
Laura
: Je dis quelquefois en plaisantant qu’à présent, on peut probablement
deviner qui sont les gentils en regardant ceux qui ont la plus mauvaise
presse ! Mais ce n’est pas si simple. Nous ne pouvons oublier que la
véritable guerre est celle de l’Élite psychopatique au pouvoir contre
les Humains normaux. Les pervers ont-ils besoin d’hommes de paille ?
Sûrement, cela fait partie de la mise en scène qu’ils élaborent pour
nous. Tout comme cela fait partie de leurs tactiques de créer des
attentats « false flags » pour diriger la haine contre ceux qu’ils
souhaitent détruire, c’est totalement dans leur style d’opération de
jouer au « good cop / bad cop [10] ».
C’est Machiavel 101.
Silvia
CATTORI : La dynamique que vous décrivez est aussi apparente dans
l’utilisation des médias ; les journalistes qui soutiennent les
principes de l’axe Tel Aviv-Washington ont toute liberté de soutenir
ces guerres. Font-ils aussi partie des monstres ? Devons-nous classer
ces menteurs des médias dans la catégorie des 6% ? Comment se fait-il
que le public ne voit pas que ce sont des imposteurs ?
Henry
: Une fois que le système est en place, ceux qui sont moralement
faibles s’y rallient pour le défendre en échange de privilèges
personnels. Leur propre intérêt les rend vulnérables à la contagion. En
conséquence, chaque individu n’a pas besoin de faire partie d’un des
nombreux types listés par LOBACZEWSKI. Il y a des milliers d’individus
moralement corrompus et faibles qui sont prêts à obéir aux ordres de
ceux qui sont au pouvoir si cela leur apporte célébrité et fortune, ou
ne serait-ce qu’une existence confortable et sans ennui.
Ce
qui
ne veut pas dire que les médias sont exempts de psychopathes,
caractéropathes, ou des autres types présentés par LOBACZEWSKI.
Silvia
CATTORI : Pour nous protéger du mal, il semble alors que chacun d’entre
nous doive se demander s'il est en présence d’une de ces personnes
perverses qui mentent et n’agissent que pour leur intérêt personnel.
Mais les gens n’arrivent pas à croire que ces pervers/pathologiques
sont des gens qui se nourrissent du mal, qui se nourrissent des
conflits. Votre livre décrit cela de façon experte : les conflits sont
leur nourriture ; ils adorent ces situations, ils ont besoin de cela
pour exister. Une personne normale ne peut imaginer qu’au sein de la
société, il y a un certain nombre de gens qui ne peuvent rien faire
d’autre que de se nourrir du mal. Pensez-vous que les gens normaux
sentent que quelque chose ne va pas mais qu’ils n’arrivent pas du tout
à comprendre qu’ils sont des victimes et qu’ils souffrent à cause des
mensonges et des manipulations des individus pervers/pathologiques ?
Henry
: Oui. Mais il faut un fort caractère pour se battre pour ce qu’on sait
être juste face à une opposition sociale omniprésente. Nous avons aussi
tendance à accorder aux autres le bénéfice du doute parce que nous
projetons nos propres modes de pensée et de comportement sur eux. Si
nous ne sommes pas conscients qu’il y a des gens qui sont soit
génétiquement incapables d’éprouver de l’empathie et des sentiments
envers les autres, soit dont la conscience a été réprimée et détruite à
cause de ce qu’ils ont vécu (et ils ne peuvent être guéris), et si nous
ne savons pas comment ils fonctionnent et manipulent, nous resterons
des victimes.
En
tant que personne qui a fait partie
d’organisations et d’associations militant pour un changement social,
vous avez probablement vu la même dynamique à l’oeuvre. Le travail
bénéfique et sincère de beaucoup de gens peut être détruit par les
actions d’une seule personne. Cela ne donne pas beaucoup de chances au
rétablissementt de la justice sur cette planète ! Ce n’est que quand
ceux qui sont psychologiquement normaux parviendront à comprendre que
nous avons un prédateur naturel, un groupe de gens qui nous voit comme
une espèce « para-spécifique » qu’ils seront disposés à s’informer sur
cette race semblable aux humains.
Laura
: S’il existe un
travail qui mérite des efforts et une dévotion à plein temps pour aider
l’humanité dans cette période sombre que nous vivons actuellement,
c’est bien l’étude de la psychopathie et la propagation de cette
information sur une très grande échelle. Pour celui qui veut réellement
faire quelque chose, diffusons aux gens l’information sur les agents
pathogènes sociaux, apprenons d’abord comment les identifier, et
ensuite nous pourrons décider de la marche à suivre.
Silvia
CATTORI : Les gens normaux, ceux qui ont une conscience, cherchent à
trouver un compromis entre les deux. Diriez-vous qu’être gentil envers
eux est une erreur parce que les individus pervers/pathologiques n’ont
absolument aucune conscience, sont sans scrupule-s, et n’hésitent pas à
s’emparer des postes au pouvoir, même s’ils sont incompétents ?
Henry
: Nous en avons parlé plus tôt quand nous avons décrit la société comme
un tribunal où tout le monde chercherait la vérité quelque part entre
les deux . Tant qu’il y aura une quelconque idée de compromis, les gens
de conscience seront toujours les perdants. On doit retirer à ces
déviants psychologiques toute position de pouvoir qui leur permet de
dominer les personnes de conscience, point. Les gens doivent se rendre
compte que ce genre d’individus existe, et ils doivent apprendre à les
détecter eux et leurs manipulations. La partie difficile est qu’on doit
aussi lutter contre ces tendances en nous à la compassion et à la
gentillesse pour éviter de devenir des proies.
Silvia
CATTORI : Les gens normaux ont besoin de garder en mémoire que tous les
gens ne sont pas fondamentalement bons et ne prennent pas
nécessairement des décisions qui sont bonnes pour la société. Les
individus pervers/pathologiques se moquent de la moralité, pour eux,
seuls leurs objectifs personnels comptent. Ils peuvent mentir sans se
sentir le moins du monde impliqués dans ce qu’ils disent. Prenons le
cas de BUSH par exemple. Il peut dire n’importe quoi et il n’a pas du
tout honte de mentir. Les individus pervers/pathologiques n’ont aucun
scrupule à mentir, à détruire un pays, un peuple entier, tant que cela
sert leurs intérêts ?
Henry
: L’idée que « tous les
hommes naissent égaux » et que nous sommes fondamentalement bons nous
est assénée depuis notre naissance. On nous enseigne que Dieu nous a
fait à son image, et que nous avons tous une étincelle divine en nous.
Mais
la science nous montre que ce conte de fées religieux n’est pas vrai.
L’humanité a un prédateur naturel, le psychopathe, et ce prédateur est
invisible parce qu’il n’existe aucun signe facilement discernable qui
permette de l’isoler.
En
outre, tout au long de l’Histoire, on
nous a divisés en groupes en fonction de distinctions physiques,
culturelles, religieuses, ou n’importe quel élément facilement
reconnaissable mis en avant par les psychopathes, tandis que notre
véritable ennemi est resté masqué.
Nous
avons même trouvé des
livres traitant de psychopathie qui présentent l’argument que nous
sommes tous psychopathes ! Nous voyons donc qu’il y a une tentative de
sauver les apparences . LOBACZEWSKI mentionne la psychologie et la
psychiatrie comme outils utilisés par la pathocratie sous le
communisme. Nous voyons la même chose aujourd’hui aux États-Unis. Il y
a des déviants qui deviennent psychologues ou psychiatres et qui
tentent de réécrire la psychologie du point de vue pathologique !
Silvia
CATTORI : Un des points faibles de notre société n’est-il pas la
tolérance dont nous faisons preuve envers ces monstres ? Cela leur
permet de créer plus de conflits et de tuer plus d’innocents.
Henry
: Est-ce de la tolérance ou de l’ignorance ? Les gens ne sont pas
conscients qu’il existe une catégorie de gens, que nous qualifions
parfois de « pas tout à fait humains », qui nous ressemblent, qui
travaillent avec nous, que nous retrouvons dans toutes les races,
toutes les cultures, qui parlent toutes les langues, mais qui n’ont pas
de conscience — et s’il y a quelque chose qui sépare réellement les
humains des animaux, je suggérerais que c’est cela : la conscience.
Nous
sommes tolérants envers les autres, en dépit des crimes les plus
horribles, parce que nous projetons nos propres états intérieurs sur
eux, nous supposons que quand ils expriment des remords, c’est qu’ils
les ressentent vraiment. Mais pour ces déviants, il n’y a pas de
remords, ce n’est qu’un rôle, un peu de comédie pour nous faire croire
par la tromperie qu’ils sont « comme nous ».
Silvia
CATTORI : Alors, la seule chose à faire est de continuer à dire la
vérité. Et de nous dire que même si ceux qui mentent gagnent toujours
contre la vérité, à long terme, quand de plus en plus de gens diront la
même chose, petit à petit cette vérité permettrapeut-être aux gens de
réfléchir ?
Henry
: La vérité est la seule chose digne de
nos efforts. Ce qui nous sépare du psychopathe est notre conscience, et
notre conscience doit devenir la voix de la vérité. La vraie conscience
— si nous l’écoutons — nous élève au-dessus de l’exemple du
comportement animal établi par les pathocrates. Pensez aux horreurs
d’Abu Grahib. Si la conscience de ces soldats (à supposer qu’ils en
aient une) n’était pas endormie, ils auraient refusé de commettre ces
atrocités.
Si les milliards de gens dotés de conscience pouvaient entendre sa
voix, il n’y aurait plus de guerre.
On
trouverait d’autres moyens pour résoudre les différends. Si nous
écoutions notre conscience, il n’y aurait plus de famine parce que nous
ressentirions la peine et la souffrance de ceux qui meurent de faim et
nous serions incapables de ne pas faire quelque chosepour les soulager.
Et dans nos propres vies, nous devons penser à la façon dont nous tuons
notre propre conscience et commencer à faire des choix douloureux afin
de l’écouter avant qu’elle ne disparaisse pour toujours.
Silvia
CATTORI : En conclusion, il y a des manipulateurs partout. Ils forment
une partie de la société qui est structurée selon ce modèle, une
structure qui leur permet de se comporter selon ce fonctionnement
psychologique pervers où qu’ils interviennent. Ce sont des gens à
l’esprit tordus, qu’aucun code moral ne retient, prêts à tout pour
défendre leurs intérêts. Ils sont de plus en plus nombreux. Ils ne sont
pas nécessairement liés à une idéologie spécifique. Et dès que nous
commençons à soupçonner quelqu’un d’appartenir à ce pourcentage de gens
tordus, devons-nous adopter une attitude différente ?
Henry
: Oui. Nous devons apprendre à dire non aux manipulations. Cela
signifie qu’il nous faut apprendre de quelles façons nous sommes
manipulés, et refuser d’entrer dans leur jeu.
Laura
: De
manière générale, une capacité à tricher, à entrer en compétition et à
mentir s’avère être une adaptation extraordinairement réussie. Ainsi,
l’idée que la pression de la sélection pourrait permettre à la sainteté
de se répandre dans une société semble peu plausible en pratique. Il
semble impossible de rivaliser avec les gènes qui promeuvent la
compétitivité. « Les types bien » se font évincer ou leur « race »
s’éteint. Les gens heureux ignorants de même. Aujourd’hui, le bonheur
et la gentillesse sont de plus en plus rares, et la misère et la
souffrance de ceux qui sont capables de ressentir de véritables
sentiments, qui ont de l’empathie pour les autres êtres humains, qui
ont une conscience, sont hélas monnaie courante. Et les manipulations
psychopathiques sont destinées à nous rendre tous psychopathes.
Néanmoins,
une prédisposition à la conscience et à l’éthique, peut l’emporter si
et quand elle est aussi capable de mettre en pratique l’altruisme le
plus profond : faire de l’objet de son empathie l’idéal le plus élevé ;
répandre la liberté et l’altruisme au sens abstrait, pour les autres, y
compris nos descendants.
En
bref, nous devons investir notre «
intérêt personnel» dans l’assurance collective que tous les autres sont
heureux et bien disposés, aussi ; et en s’assurant que les enfants que
nous mettons au monde ont le choix d’être heureux par nature et
bienveillants les uns envers les autres.
Cela
signifie que si la
psychopathie menace le bien-être de l’avenir du groupe — ce qu’elle est
en train de faire actuellement — alors on ne peut s’en sortir que par
un refus massif de se laisser dominer par elle au niveau personnel,
individuel. Préserver la liberté pour soi-même au sens pratique
préserve au bout du compte la liberté des autres. La protection de nos
propres droits COMME ceux des autres, garantit la position de
libre-arbitre et les chances de bonheur pour tous. Si les psychopathes
mutants posent un danger potentiel, alors la véritable empathie, la
véritable éthique, la véritable conscience, commandent le recours à une
thérapie prophylactique contre les psychopathes.
Ainsi,
il
apparaît qu’identifier les psychopathes, cesser d’interagir avec eux,
les isoler de notre société, nous rendre indisponibles comme «
nourriture » ou comme objets à tromper, manipuleret à utiliser, est la
seule stratégie, la plus efficace, que nous puissions mettre en oeuvre.
Notes
:
[1]A.
ŁOBACZEWSKI. Ponérologie politique : étude de la genèse du
mal
appliqué à des fins politiques. Les Éditions Pilule rouge.
[2]PCL-R
: Psychopathy Checklist — Revised : liste des caractéristiques
psychopathiques — NdT
[3]Emil
KRAEPELIN : psychiatre allemand (1856-1926) considéré comme le
fondateur de la psychiatrie scientifique moderne. — NdT
[4]DSM
: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux) — NdT
[5]
ASPD : Antisocial Personality Disorder : trouble de la personnalité
antisociale — NdT
[6]
ERP : Event Related Potential, Potentiel Évoqué en français (PE). En
électroencéphalographie, un potentiel évoqué désigne le signal
électrique produit par le système nerveux en réponse à une stimulation
externe (son, lumière) ou interne (prise de décision, préparation
motrice). Ce signal étant en général très faible, il est nécessaire de
répéter l'enregistrement un grand nombre de fois de façon à moyenner
toutes ces mesures et à obtenir une caractérisation du potentiel évoqué
qui soit fiable. Source : Wikipédia — NdT
[7]
La tâche de décision lexicale est une expérience comportementale,
c’est-à-dire une expérience visant l'exploration psychologique d'un
comportement. Elle consiste à présenter des mots ou des pseudomots
(chaînes de caractères qui respectent les règles phonotactiques de la
langue, comme cateau). On demande alors aux sujets de répondre le plus
rapidement et le plus précisément possible si c'est un mot ou un
pseudomot. Cette tâche peut être visuelle ou auditive. Source :
Wikipédia — NdT
[8]
On ne peut guérir ce que l’on ne connaît pas — NdT
[9]
Les attaques false flag (littéralement : faux drapeau) sont des
attaques menées sous le couvert du drapeau adverse, dans le cadre
d’opérations spéciales — NdT
[10]
Littéralement « gentil flic contre méchant flic ». C'est une technique
policière éculée. Deux inspecteurs interrogent un suspect. L'un offre
le café, une cigarette et s'évertue à détendre l'atmosphère. L'autre
menace, crie, déstabilise. Scène classique, le second quitte la salle
d'interrogatoire sous un prétexte quelconque et se met derrière une
glace sans tain d'où il peut observer la suite des événements sans être
vu. Le premier, le gentil, conseille au suspect de coopérer, car c'est
le seul moyen de calmer son collègue qui est capable de commettre une «
folie ». Source — NdT
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